le rosier
Hier un soleil timide inondait le jardin tandis que j’émergeais. Quand on se sent malade on passe son temps à émerger sporadiquement ; ça ne dure que peu. Une douleur accourt aussitôt qui vous plie et vous recroqueville. On a juste envie d’un coin de canapé ou d’un lit pour s’enfouir. À quoi bon, fuir. La douleur vous rattrape.
Bon. Hier était un sale jour comme ça. J’ai avalé péniblement un bouillon au vermicelle. Je me suis allongé et j’ai dormi. Lorsqu’à 14h30 le réveil a sonné (j’avais rendez-vous chez le médecin), je n’ai pas pu me lever aussitôt. Je suis resté entre deux eaux, en rémission, à écouter sans l’entendre la musique débitée par la radio ; au passage je me suis béni d’avoir positionné le réveil sur France Musique plutôt que sur une station à chansonnettes et à jingles.
Plus tard, par la fenêtre de la cuisine, je regardais le timide soleil illuminer le jardin de claquantes couleurs printanières. Je fus intrigué par les branches encore nues de mon rosier, tandis que tout autour la végétation autant que les oiseaux exubéraient. J’ai ouvert la porte pour aller voir, craignant d’avoir à porter le deuil, mais non, de discrètes pousses rougeâtres se dressaient ça et là, tout allait bien.
Je me suis senti comme ça : une pousse de rosier tardant à se déployer, serrée en elle-même, douloureuse peut-être. Lorsque je suis revenu de ma consultation, j’ai pu constater que les pousses n’avaient pas poussé pendant mon absence. Ça m’a fait sourire, avec d’autant plus d’indulgence que je n’avais a priori rien de grave, juste un moment où le corps se refuse et se convulse, peut-être en raison d’un virus.