les chaumes
Elle avait choisi son heure. Celle du soir, lorsque les ombres commencent à s’étirer. C’était notre dernier jour de vacances. Il s’agissait de nous approprier enfin ce bout de territoire. Nous avions pris la petite route qui monte derrière le village, une route à peine plus large que la voiture. A chaque virage nous étions soulagés de ne croiser personne. Nous avons trouvé un chemin, qui montait encore un peu, à l’assaut d’un mamelon de terre rouge. L’herbe était sèche et cassante. Cela crissait sous nos pas, semblait-il. Le paysage était vaste. À l’infini. Jaune. Parce que la sécheresse. Ou parce que les moissons terminées depuis longtemps. Et rouge. Parce que la terre. Et bleu. Pour les lointains. Des lointains très loin. Nous étions sur le causse. On croit que c’est plat, mais pas tant que ça. Néanmoins on peut voir loin. Alors là.
Nous avons aimé marcher sur ce chemin. Je crois que notre pas était assez lent, pour ça. Le terrain décrivait parfois devant nous des courbes harmonieuses. Je me suis accroupi au niveau des chaumes et j’en ai immortalisé les lignes. Nous avons trouvé un rocher. Nous nous y sommes assis. Et nous avons regardé. Encore et encore. Nous étions bien.
Août 2010