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le carnet vert
25 mai 2011

trois épis

Le plaisir dans l’assiette.

Le décor, la convivialité. De la douceur, celle d’un cocon.

 

Dans le verre au pied vert, le vin doré et frais. Et la buée qui ruisselle doucement.

 

Un cocon ? Non. On n’entre pas dans un cocon, on en sort.

Alors quoi ?

Un home.

Un « heim », ainsi que se termine le nom de certains villages d’ici.

 

Je sens la chaleur de ta présence, tandis que nous attendons qu’arrive le prochain mets.

Ta main, ton regard.

Ta présence chaleureuse.

L’importance de ça, parce que ce lieu, précisément. Ou du moins les environs.

 

Te faire connaître. Pour que tu saches.

 

Et ce que tu ne sais pas, au moment que je décris. Que tu sauras quelques jours plus tard.

Les larmes qui sont près de me venir.

L’émotion qui me terrasse soudain, à mon grand étonnement.

 

Ce n’est pas la première fois que nous faisons un long trajet en voiture.

Cinq ou six heures, c’est long, n’est-ce pas.

Ce n’est pas la première fois, loin de là, que nos roues nous mènent au pied d’une montagne, voire au creux de celle-ci. Mais là. Nous avons dû traverser la montagne. Nous rendre de l’autre côté. Même si l’altitude n’est pas très haute, un col est un col. Avec sa fraîcheur et ses landes dénudées.

Et redescendre, louvoyer soudain entre les vignes.

 

Au fur et à mesure que le but approche, je sens mon cœur battre, je me sens m’élargir, j’ouvre mes yeux mes poumons mes narines ma conscience. Quelque chose se passe, dont je ne me rends pas compte encore. Est-ce dans l’air ? Y a-t-il ici une atmosphère particulière qui fait que.

 

Je l’ai cherché bien sûr.

Pourtant je ne me doutais pas que mon enfance me reviendrait en pleine figure avec cette violence.

Nous nous trouvons non loin de lieux que j’ai explorés il y a quarante-cinq ans. Tu imagines ? La moitié d’une vie. Une sacrée belle vie.

Je n’ai jamais mis les pieds dans l’endroit où nous sommes. Mais ce n’est qu’à quelques kilomètres de. C’est le pays, tu comprends ?

 

Nous sommes attablés, et devant nous rutilent nos verres aux pieds verts, la buée ruisselant doucement dessus. Nos regards se perdent parfois par la baie vitrée. Je te montre le couchant qui illumine encore la tour du Pflixbourg, perchée sur son modeste promontoire, je l’ai reconnue sans faillir, alors que je ne l’avais jamais aperçue que du bas. Et au-delà, je te montre le damier brumeux de la plaine, la ligne vaporeuse qui signale la présence du grand fleuve, les monts bleutés à l’horizon. Je te dis que normalement les hauts sommets alpins, tu hausses les épaules avec bienveillance, peut-être que tu ne me crois pas. Plus tard nous trouverons par hasard une table d’orientation décatie, avec le relief peint, tu sais, et les noms des sommets. Ah tu vois ! M’écrierai-je. L’Eiger et la Jungfrau. Tu vois !

Nous sommes attablés et les larmes me viennent. Des larmes de joie. Mues par cette sensation que je suis enfin arrivé.

 

DSC_0155

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Commentaires
N
Quels délicieux moments ! Souvenirs émus, repas partagés. Que du bonheur...<br /> <br /> Beau dimanche.
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P
Teb : nous n'avons passé que quelques jours. Hôtel accueillant, bio, familial, avec un jardin magnifique. Que du bonheur. Et la vue.
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T
La Vosgienne, émue, te salue ...<br /> Une parente précieuse pour moi a passé quelques mois dans ce hâvre...
Répondre
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