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le carnet vert
15 avril 2011

assis sur le mur

C’est un jour comme un autre. Un mercredi.

C’est un matin.

C’est un jour où on se lève comme d’habitude. On a plaisir à regarder par la fenêtre, les couleurs du jardin qui s’éveille. Ou alors on bougonne en se disant que décidément les merles sont à l’œuvre depuis longtemps.

C’est sonore, le chant d’un merle.

 

On descend lentement l’escalier de bois clair. Le pas est lourd. L’escalier craque.

On ouvre une porte, alors la chienne, avec sa queue en métronome.

On ouvre la porte du dehors, et l’animal file ventre à terre dans l’herbe humide du communal.

On sort aussi. Après avoir endossé un paletot, parce que l’air frais du matin.

Alors au retour. L’odeur accueillante du café et du pain grillé.

 

On déjeune comme les autres jours. Même si c’est un mercredi.

Et puis en met du matériel à l’arrière d’une vieille auto. Du genre à mettre des taches d’huile sur les banquettes. Du genre avec moteur, qui fait du bruit quand on le lance. Et puis un bidon d’essence, l’odeur acre qui envahit l’habitacle.

 

Plus tard. Au jardin. Le soleil chauffe déjà le long du mur.

On ouvre la remise. On prend les outils.

 

On grimpe sur un escabeau. Le taille-haie vrombit comme un gros frelon.

On pense à ça, peut-être, aux frelons. On se souvient que l’autre fois, les pompiers sur le toit. Il y avait un nid dans la cheminée. Ils pulvérisaient du produit. On regardait de loin, les insectes groggy qui volaient en zigzag vers le fond du champ.

 

On pense à des choses d’autrefois. On s’agrippe à ça tandis que déjà la vue s’obscurcit.

 

Ce jour là, un mercredi, n’est pas un jour à éclipse. Ce n’est pas fréquent mais ça existe. Ne pas regarder vers le soleil absent.

Pourtant la vue s’obscurcit. Quelque chose ne va pas. La respiration qui part en vrille. Il n’y a plus d’air dans le ciel.

 

On a encore la force d’entrer dans la maison. On va appeler parce que c’est bizarre, parce que ça ne va pas. On met la main sur le téléphone. On veut s’asseoir. On s’assoit. Sur rien puisqu’il n’y a rien. On veut…

 

Plus tard encore. On se réveille enfin. On regarde autour de soi. On ne sait pas où on est. On n’a pas envie d’être là.

On a mal. On a soif. On ne peut pas boire. On ne peut pas bouger.

 

On veut.

On ne peut pas.

 

On était assis, c’est sûr. Sur le mur. On s’était emparé du téléphone.

 

On cesse de prêter attention aux gens en blanc qui entrent et qui sortent. On ignore les appareils qui sonnent. Pourquoi faire sonner autre chose qu’un réveil à côté d’un lit ? On est bien au lit, n’est-ce pas ?

 

Quand on pourra parler, on demandera un réveil.

 

Les gens en blanc sont bizarres. On ne les connait pas. Ils disent des choses étrangères, parlent d’urgence, d’épilepsie, d’AVC.

On était mercredi. On s’est assis sur le mur pour téléphoner. Parce que la vue s’obscurcissait et que le ciel était vide d’air.

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Commentaires
G
Ouf, merci pour la précision qui nous enlève la grosse frayeur. Bon rétablissement à ce monsieur.<br /> Et bises à vous.
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P
A tous : ce texte est un hommage à quelqu'un que j'admire et qui vient de nous faire une grosse frayeur. A priori sans trop de dommage, mais au départ on ne peut jamais savoir.
Répondre
L
On dirait, qu assis sur un mur, on regarderait de lever le soleil. Et que la respiration, enfin.
Répondre
N
Ca, c'est quand l'imprévu arrive sans prévenir !
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S
Les choses toutes simples de la vie prennent alors une autre couleur
Répondre
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