viaduc des arts
J’ai cette vision tenace. Parce que d’un lieu, d’un instant on ne sait jamais à l’avance ce qui va rester. Alors, oui. Cette vision-là.
Nous.
Attablés dans un café de l’avenue, face au viaduc des arts.
Mon regard erre sur les arts.
Sommes-nous silencieux ? Peut-être. Je me souviens qu’alors je suis malade. J’oscille entre bronchite et sinusite. Le vent du nord a soufflé trop fort, la veille.
Nous nous faisons face, près de la vitre. Nous avons choisi ce coin parce qu’il est tranquille.
Nous sirotons de la bière blanche. C’est ça, notre partage en matière de bière. De la blanche.
Parfois j’ôte le bouchon d’objectif de mon appareil photo et je te vise. Tu fais la moue. Tu n’aimes pas ça. Tu ne veux pas savoir si j’ai besoin des images.
Je déclenche. Vraiment tu fais la moue. Vraiment tu n’aimes pas ça. Je regarde sur l’écran de l’appareil. Vraiment tu fais la moue. J’efface.
Je vise les arts du viaduc. Les briques aussi. Un bus passe. Je déclenche. Je regarde sur l’écran. Filé vert et blanc. Le bus est flou.