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le carnet vert
31 mars 2010

impatience

Ils ont dit qu’il y aurait des travaux sur l’autoroute.

Sur l’A6b.

Juste au début du parcours.

Ils ont dit que ce serait terrible.

Les encombrements.

Les irritations.

Le bruit.

Ils ont dit que ça durerait des mois.

Pour qu’on soit bien sûr.

Alors je sais. Je sais que mon impatience sera mise à mal dès les premiers tours de roue.

Peut-être devrions-nous penser à prendre de la musique. Qui adoucit les mœurs, c’est bien connu. Disons qui met un peu de douceur dans un monde de brutes. A condition de prendre de la musique douce, évidemment. Mais pour ça, il n’y a pas de problème. Nous n’écoutons pas plus de Wagner que de heavy metal. Et le Jimi, je me le garde pour moi seul. Parfois. A la maison. Avec un verre. Et mes doigts qui filent sur le clavier.

Peut-être qu’il fera beau. Et chaud. Au printemps on ne peut pas savoir. Peut-être aurons-nous envie de laisser entrer l’air du dehors par le toit ouvrant. Il faudrait prendre l’auto à toit ouvrant. Oui. Pour se laisser griser. Mais les encombrements. Les piaffements motorisés. Les klaxons rageurs. Les miasmes d’échappement. Tout cela par le toit ouvrant. Nous nous regarderons. Nous hocherons la tête. Nous nous dirons que décidément, non.

Je crois que je vais regarder la carte. Trouver une autre route.

Je vais devoir juguler mon impatience. Ou du moins ne pas la salir avec des encombrements inutiles. Si c’est possible. Une chance, ce ne sera pas un week-end. Même pas les vacances des parisiens.

Je serai impatient, évidemment.

Parce que le voyage.

Le plaisir du voyage.

La découverte de l’inconnu.

Quoique sur l’autoroute on va trop vite.

Mais comment faire.

Quatre heures et demie. A dit le site d’itinéraires. Et encore pas pour aller jusqu’au bout. Pour le chef-lieu du département. Après il reste encore un peu de route.

Nous partirons le matin.

Parce que sinon.

Tu pensais que nous mangerions à la maison et que nous partirions ensuite. Mais j’ai peur que ce soit trop tard pour les sentiers dans la lande. J’insisterai pour partir le matin. Nous ferons un pique-nique. Je sais bien que sur une aire d’autoroute, les mets ont goût de poussière, mais tant pis. J’insisterai.

Je serai impatient.

Parce que le voyage.

Parce que l’inconnu.

Et l’inconnue qui ne l’est plus. Et que je cherche encore. Parce qu’elle est mystère. Et que je regarderai intensément, je ne saurai pas faire autrement, à cause du vent. Je donnerai le change, hein, je suis civilisé. Peut-être que personne ne remarquera ce regard là. Mais il sera. Avec le vent.

Il y aura un moment. Je ne sais quand. Dans cette journée là. Tard, mais pas trop, j’espère. Peut-être que le toit ouvrant nous apportera des senteurs inhabituelles d’ajoncs et de pain chaud. Peut-être que de nous jaillirons des accents de jazz. Ou alors les chansons que tu aimes. Peut-être serons-nous en train de fredonner. Peut-être tenterai-je de dissimuler mon impatience en fredonnant. Parce que j’aurai le cœur battant, ça j’en suis certain.

Et puis.

Ce moment sera là. Magique. Celui où nos roues feront crisser du gravier au creux d’une allée blanche.

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Commentaires
Q
pas du jazz, je n'aime pas...
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L
tranche de vie, un extrait de sénario de film.
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P
Cécile : la route a toujours beaucoup compté pour moi. Le bouquin de Kerouac a longtemps été sur mon chevet. Dieu sait où il a disparu maintenant.<br /> <br /> Teb : avec bonheur oui. Peu importe la destination, n'est ce pas ?
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T
Je ne sais où tu vas mais tu y vas avec bonheur !!!
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G
Les routes, décidément...<br /> <br /> Et je suis ravie de te faire plaisir, car j'en ai pour ma part beaucoup à te lire (de plaisir)<br /> <br /> Bonne soirée Phil<br /> <br /> :)
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le carnet vert
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