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le carnet vert
3 mai 2009

coup de barre

La soirée s’achevait. Nos enfants avaient pris place dans leurs autos respectives. Un à un les feux arrières rougeoyaient à la sortie de la cour avant de disparaître dans la nuit. J’étais resté un moment sur le superbe seuil tout neuf de notre superbe porte de grange toute neuve. J’avais agité la main pour leur dire au revoir. Puis j’avais fermé le battant de droite, j’avais enfoncé la targette dans son trou, j’avais mis en place la barre métallique fixée au mur et maintenant la porte fermée, une barre que le menuisier avait baissée de plusieurs dizaines de centimètres afin de l’adapter à la nouvelle configuration de la porte, dont la dimension verticale avait été modifiée. J’avais enfin fermé le battant de gauche, équipé d’une serrure trois points qui faisait ma fierté même si je n’étais pour rien dans sa conception ni dans son installation.

J’avais rejoint Elle dans la cuisine, afin de l’aider à ranger la vaisselle. J’avais glané ça et là les cadavres de bouteilles de vin ou de jus de fruits. J’étais retourné dans la grange pour déposer ces verres vides dans le récipient prévu à cet effet. La caisse en question était posée sur le sol, le long du mur, à droite de ma belle porte toute neuve. Juste sous la barre. Sans doute cette localisation était-elle due à la fréquence des partances vers le conteneur municipal, mais n’allez pas croire qu’on boit trop dans cette famille, non, non.

Toujours est-il que, ce soir-là, alors que ma fatigue devenait palpable, l’emplacement choisi pour la caisse à bouteilles s’est avéré une mauvaise idée, et indubitablement funeste pour mes lunettes, car en me baissant pour y déposer ma récolte, je me suis violemment cogné dans la barre. Pour être plus précis j’ai pris la barre en pleine figure, et plus exactement dans les lunettes. Conclusion de l’opération, le verre droit de mes lunettes est complètement rayé. Moi qui ai horreur d’avoir la vue brouillée par la moindre trace sur mes verres, je suis servi, je dois attendre la fin du mois prochain le rendez-vous que j’ai réussi à avoir en urgence chez mon ophtalmologue favorite (si ce n’est pas urgent, on attend bien plus longtemps que ça, comme chacun sait). En fait sur le coup j’étais complètement paniqué, comment j’allais faire sans lunettes correctes, faire remplacer le verre à l’identique allait me coûter une fortune, ce sont évidemment des verres hors de prix… Bref je me lamentais. Et puis je me suis dit que je pouvais essayer de tenir le coup deux petits mois, c’est pourquoi depuis quelques temps j’observe le monde avec une certaine imprécision.

La morale de cette histoire c’est que finalement j’ai de la chance, parce que le verre aurait tout aussi bien pu casser et que j’aurais risqué de me retrouver avec l’œil sérieusement abîmé. La seconde morale est qu’on ne m’y reprendra plus à faire du zèle après les repas de famille, à ranger la vaisselle et les bouteilles vides, c’est trop dangereux.

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Commentaires
P
Oué ben ton verre (de lunette !) rayé ne t'a pas empêché de voir Amandine !!
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P
ah oui, j'aurais peut-être des choses à raconter à propos de lunettes de sécurité. A voir.
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S
je n'ai pas pensé à te proposer des lunettes de sécurité, on avait ça en stock... pour les prochaines fois où tu auras un coup de barre
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