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le carnet vert
19 janvier 2009

croque-monsieur

On a fait des croque-monsieur.

Il était déjà six heures du soir lorsque nous sommes arrivés à la maison, c’est fou ce qu’on peut passer de temps à vaquer à l’extérieur, à ce demander si nos activités professionnelles n’empiètent pas de plus en plus sur notre espace privé.

La première chose à faire, avant même d’aller chercher le courrier et d’allumer l’ordinateur, c’était de sortir le beurre du réfrigérateur, afin qu’il ramollisse un peu et ne soit pas trop difficile à tartiner. Bon, compte tenu des conditions climatiques en vigueur actuellement, le ramollissement était tout ce qu’il y a de relatif.

Soit dit en passant, on était un lundi. Ce qui veut dire que trouver une boulangerie ouverte relève de l’exploit. En l’occurrence nous nous étions arrêtés en allant embaucher à celle de l’avenue de la Libération, Elle voulait une galette des rois pour déguster avec ses collègues, c’est elle qui avait eu la fève la fois d’avant, et tu sais que dans le coin, cette plaisanterie dure jusqu’à la fin du mois de janvier. Bref, dans la dite boulangerie, à huit heures du matin, le pain de mie n’était pas cuit. Ce qui fait que le soir, j’ai dû me rabattre sur la supérette qui est à côté de l’école. J’ai acheté du pain de mie industriel après avoir vérifié la date de péremption. Ça ne m’a pas ruiné, soixante-treize centimes le paquet, on pouvait se faire trois croques chacun, et il en resterait encore.

A sept heures du soir, comme ensuite nous devions aller au cinéma, et que nous ne devions donc pas garder les deux pieds dans le même sabot, j’ai laissé tomber le surf sur internet et je suis descendu dans la cuisine.

J’ai allumé le four pour qu’il préchauffe pendant que je tartinais. Comme je l’ai dit, le beurre n’était pas tellement mou, il vaudrait mieux faire des croques en été, mais bon, faisons comme si. Alors j’ai pris un couteau à bout rond et je me suis attelé à la tâche. Tu sais ce qui se passe, si tu veux tartiner du pain de mie avec du beurre qui n’est pas mou ? Ca fait un immense trou, ça se déchire dans tous les sens, tu n’a plus qu’à le manger tel quel ton bout de pain, ou le balancer aux moineaux. Bon d’accord le pain de mie industriel est plus solide que celui du boulanger, mais quand même, faut faire gaffe. Disons qu’il faut faire des copeaux de beurre très fins, avec le couteau à bout rond (si tu prends un couteau pointu, je te fiche mon billet que tu vas déchirer le papier du beurre, tu verras), qu’on pose délicatement sur la tranche de pain, surtout ne pas appuyer trop. C’est ce que j’ai fait. Je n’avais pas envie d’en jeter, du pain de mie. Parce qu’il aurait fallu ouvrir la porte, et dehors il faisait trop froid. D’ailleurs il n’y avait même pas de moineaux car il faisait déjà nuit. Entre parenthèse je n’avais pas trop envie d’en manger sans rien dessus. Enfin pour être exact, j’ai testé, avec le talon, tu sais, parce que la tranche est plus petite que les autres. Eh bien pour être juste, du pain de mie industriel sans beurre, sans jambon et sans fromage dessus, ce n’est vraiment pas fameux.

J’ai tartiné mes douze tranches de pain, j’en ai disposé la moitié à plat sur la plaque métallique qui va dans le four, préalablement agrémentée d’une feuille d’alu. Comme Elle est venue m’aider à ce moment-là, c’est elle qui a réparti les tranches de jambon sur les bouts de pain, puis qui a saupoudré de gruyère râpé (bio). J’ai recouvert le tout de la deuxième moitié des tranches de pain beurré et j’ai enfourné. Un travail d’équipe efficace.

L’affaire fut rondement menée. Même si ça faisait un bail qu’on en avait fait, le croque-monsieur, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas. Et puis justement, je me suis mentalement reporté des années en arrière, quand on en faisait une espèce de rituel.

C’était le dimanche soir, pas le lundi. Pas tous les dimanches non plus, évidemment. Mais c’était un rituel. Le rituel des filles quand elles étaient gamines. Quand le jour commençait à décliner et qu’elles demandaient qu’est-ce qu’on mange ce soir, si je leur disais des croque-monsieur, on voyait bien que pour elles c’était du nanan. Comme quoi, il suffit de peu de choses pour faire plaisir. Des fois, même, elles aidaient au tartinage, mais ça je n’y tenais pas trop, parce qu’il y avait beaucoup de perte, ou au minimum des imperfections trop flagrantes, j’ai expliqué pourquoi, le beurre pas mou, le couteau, tout ça. Et puis on s’asseyait en rond tous les cinq, sur des coussins ou directement sur le parquet, devant la table basse du salon, et on mettait des miettes et du gras partout tout en regardant avidement des litanies de dessins animés japonais. Ne me demande pas quels dessins animés, je n’en sais rien. Je les trouvais plutôt moches, mais les petites en raffolaient, et nous raffolions, Elle et moi, de les voir ainsi se délecter, les yeux écarquillés, des images autant que des croque-monsieur.

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Commentaires
O
On en a l'eau à la bouche !
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F
Un régal, ce texte...autant que les croque-monsieur!
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M
C'est drôle ce que tu viens de me remémorer! (je ne sais pas si c'est français??!!) mais chez nous aussi le dimanche soir était sacré avec nos fameux croque-monsieur (mais cuits à la poële chez nous) et c'était alors le seul repas que les gamins pouvaient passer devant la TV et leur dessins animés. Bisous
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P
Tu bégaies toujours ? C'est marrant qu'on n'en ait jamais parlé. Des croques, je veux dire.<br /> Bise.
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M
C'est drôle ce que tu viens de me remémorer! (je ne sais pas si c'est français??!!) mais chez nous aussi le dimanche soir était sacré avec nos fameux croque-monsieur (mais cuits à la poële chez nous) et c'était alors le seul repas que les gamins pouvaient passer devant la TV et leur dessins animés. Bisous
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