nuit de noces
Je les revois penchés au dessus de nous, rigolant comme des bossus. En vérité il y avait je ne sais combien de personnes dans cette pauvre pièce aux murs de plâtre nu, mais je les revois spécialement eux, penchés au dessus de mon visage, hilares. Je me demande s’ils ne nous avaient pas fichus par terre avec le matelas, comme ça, sans ménagement. Peut-être bien que ça se fait, dans de telles circonstances. Je les revois en noir et blanc. Oui c’est comme ça. Parce que toutes les photos que nous avons sont en noir et blanc, encore que je doute que qui que ce soit ait pris une photo à cet instant crucial. Le noir et le blanc sont dans ma tête. Ils se marraient comme des bossus, deux de mes oncles en tête, penchés au dessus de nous. C’était comme si le ciel nous était tombé sur la tête. Ce réveil en fanfare. Parce qu’évidemment nous dormions à poings fermés. Je ne sais pas si ça se faisait pour une nuit de noces, mais nous l’avons fait. Et heureusement que nous ne dormions pas tout nus, parce que nous étions par terre avec le matelas et les draps sens dessus dessous, et que tout le monde rigolait. Ils avaient encore la force de rigoler alors que peut-être bien le jour n’allait pas tarder à pointer à l’horizon. Moi pour l’heure, je n’avais pas la tête à la rigolade, parce le réveil était brutal, j’avais mal à la tête, et j’avais la nausée à l’avance, rien qu’à l’idée que c’était notre tour de subir l’épreuve du pot de chambre.