sinus

Dans les familles, il y a des traditions qui s’instaurent à tout moment. Par exemple lorsque notre fille est de passage chez nous pour plusieurs jours, elle demande à manger du chinois Entendez par là, Papa, tu peux passer chez le traiteur chinois ? Bon, ce ne sont pas des chinois, mais des vietnamiens. Mais on fait souvent l’amalgame.

Donc hier je suis passé chez les chinois. C’est une habitude que j’ai perdue depuis un moment. Lorsque les filles étaient encore à la maison, c’était un mercredi sur deux, en alternance avec les pizzas. En l’occurrence, je ne sais pas ce qui m’a pris, j’ai acheté beaucoup trop de choses. Je n’ai pas réalisé que nous n’étions que trois. Des nems en pagaille, des ravioli de chaque sorte (j’appelle ça des ravioli parce que je ne me souviens jamais des vrais noms, à part « xiu mai », un petit machin jaune aux crevettes). J’ai pris encore des brochettes, et puis une barquette de poulet au gingembre bien remplie. Nous aimons bien toutes ces choses. Et notre traiteur habituel (bien que les habitudes se perdent) est plutôt compétent, il me semble.

Ce n’est pas un plaisir particulier de faire les courses chez notre traiteur asiatique. Parce que la plupart du temps il y a la queue, et il faut avoir du temps à perdre. Ce qui n’est généralement pas mon cas. Et puis la patronne est tout le temps embusquée derrière sa caisse, et engueule généreusement tous ses acolytes, qui me semblent filer doux. Elle ne se donne pas trop la peine du sourire commercial. Ce ne doit pas être la peine de tenter une plaisanterie avec elle. Je suis pourtant un client avenant, en général. Hier n’a pas failli. La dame a interpellé une donzelle qui passait par-là, en lui enjoignant sèchement de servir le monsieur (moi). Cette fois, j’ai failli m’étouffer de rire : je n’étais pas particulièrement pressé, on était en début d’après-midi et j’étais en congé, ce qui ne signifie pas pour autant que j’avais du temps à perdre, mais disons que j’étais détendu. Et voila que la fille se tourne vers moi et déclare, il va bien attendre un peu, le monsieur. J’étais le seul client, à cette heure de faible fréquentation. Les bras m’en tombaient (comme dirait la vénus de Milo). Je lui ai répondu qu’il fallait que ça reste raisonnable, tandis que la patronne la foudroyait du regard.

Si ce n’est pas toujours agréable de faire les achats, c’est par contre un vrai plaisir de manger les trucs. C’est pourquoi nous avons fait bombance. J’ai tout fait réchauffer au four pendant que je mettais les sauces dans les petites tasses. Je passerai sur le désagrément d’avoir à couper un angle de chaque petit sachet en nylon avec des ciseaux, et d’en foutre un peu partout à chaque fois, restons zen.

J’ai passé les sauces, l’aigre douce pour les ravioli, et l’espèce de bouillon pour les nems, à ma fille et à Elle. Quant à moi, je me pourléchais déjà à l’idée de tremper les mets dans de la purée de piment. J’ai sorti le pot du frigo. Ça ne prête pas à confusion : c’est rouge vif, avec une étiquette rouge. Purée de piment, c’est écrit dessus. C’est peut-être bien la seule chose écrite en français, d’ailleurs. Dessous, en un peu plus petit, c’est écrit « sambal oelek ». J’ignore si ça veut dire purée de piment, et si c’est le cas j’ignore dans quelle langue. A moins que ce ne soit un nom propre, celui du producteur par exemple ? Enfin peu importe. Je me délecte avec ce truc. C’est un peu fort, certes, c’est du piment. Assez salé, surtout. Mais c’est mangeable. Et ça dégage bien les sinus. Tu ne me crois pas ? ta ar ta gueule à la récré. Tu n’a qu’à essayer : ça vaut toutes les inhalations du monde, et c’est bien mieux que la chimie.

Comments

[fabeli]

Ha cao et xu mai!!! mais quand je veux prononcer ces mots pour passer ma commande, le serveur ne comprend jamais. Je ne dois pas avoir l'accent!!!

[TJ]

cette cuisine n'est pas ma tasse de thé!

[syl69]

Je me marre à l'idée de la tête de la patronne ! Elle a du s'étouffer de temps de hardiesse !