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le carnet vert
25 février 2008

le jour où les grues sont passées

Ce fut un dimanche ordinaire. Je me suis levé vers 7 heures et demie, comme d’habitude. J’ai préparé du café, fait griller des tartines, pressé des agrumes. Nous avons déjeuné en paix, d’ailleurs la radio n’annonça aucune dernière hécatombe.

Plus tard j’ai couru dans les chemins près de la maison. Il y avait encore un peu de givre à l’ombre des haies. J’ai rencontré des chasseurs à plusieurs reprises. Ça ne finit donc jamais, la chasse ? Ils ne sont pas plus gênants que ça, sauf que certains s’enfoncent en voiture dans les chemins. Voilà qui perturbe la quiétude du coureur solitaire. J’ai rencontré des gugusses en quad, aussi. J’y ai droit quasi tous les dimanches. C’est la grande mode, ces engins pétaradants et sentant le neuf. Que dire ? Les chemins ne sont pas interdits aux engins motorisés. Et puis ces gens là sont en général bien polis. Mais c’est vrai qu’on se fait une autre idée du bol d’air dans la nature. Enfin la sortie m’a fait du bien, c’est l’essentiel.

Je me suis affalé dans mon fauteuil préféré, histoire de reprendre mon souffle. J’ai feuilleté une revue de décoration, j’ai croqué un carré de chocolat noir. Puis je me suis mis à la cuisine. Rien de compliqué, c’était un dimanche ordinaire, inutile de jouer les virtuoses.

J’étais en train de râper un céleri rave lorsque je les ai entendues. Une chance que je n’aie pas allumé la radio, qu’aucun appareil électroménager ne soit en marche, que le voisin n’ait pas encore démarré sa tronçonneuse. J’ai entendu leurs cris rauques malgré les fenêtres fermées. Un son caractéristique. J’ai laissé mon céleri et ma râpe. J’ai ouvert la porte et levé les yeux vers le ciel bleu. Elles étaient sûrement plusieurs centaines, à filer en formation ondulante vers le nord-est. Les grues. A moins que ce ne soit des oies, je ne suis pas fin connaisseur des oiseaux en vol, mais je ne crois pas.

J’aime bien voir passer les oiseaux migrateurs. Surtout dans ce sens-là. C’est un repère dans l’écoulement des saisons. D’apprendre qu’ils sont passés, c’est bien, mais c’est loin de procurer la même satisfaction que de le voir de ses propres yeux. Ou à la rigueur de simplement les entendre.

L’après midi, nous profitions du soleil pour faire quelque nettoyage de massifs dans le jardin. J’ai à nouveau entendu les cris, et j’ai dit : regarde ! En fait Elle ne voyait rien, les grues étaient encore dissimulées par les branches du grand noyer. Puis leur formation ondulante s’est développée juste au-dessus de nous. Je crois qu’Elle était contente de les voir, elle aussi. Et puis aussitôt après, des oiseaux différents sont passés. Moins nombreux, moins bruyants, formant un V parfait. Des oies peut-être ?

Harassés par le jardinage, nous nous sommes assis auprès de la cheminée pour siroter notre thé. Le jour déclinait déjà. Puis ce fut l’heure de préparer le dîner. Une journée s’était écoulée. Un dimanche ordinaire ?

Pas si ordinaire que ça. Peut-être cette journée séjournera-t-elle dans ma mémoire comme étant le jour où les grues sont passées.

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Commentaires
C
C'est tellement bien raconté que l'on si croirait<br /> Bisous et bonne soirée
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L
C'est vraiment magnifique de voir voler les oiseaux migrateurs, annoncant les changements de saison.<br /> Beau dimanche de février.
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le carnet vert
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