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le carnet vert
6 décembre 2007

feu

J’étais entré dans le tableau et je ne voyais que du feu.

Assis sur la banquette, au centre de la salle, j’attendais les autres en regardant les œuvres de loin. Mon regard allait d’une toile à l’autre et finissait par revenir à celle-ci, qui pourtant m’obligeait à me contorsionner un peu, embusquée qu’elle était derrière mon épaule gauche.

Pour tout dire, j’étais étonné que le peintre ait représenté ainsi les branches pleureuses d’un saule, comme une claire flambée se dressant fièrement vers le firmament.

Aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais vu le saule qui était planté au centre du carré de pelouse, devant chez nous (enfin devant chez mes parents, à l’époque où ils habitaient encore un pavillon de banlieue au traditionnel soubassement de meulière), je n’ai jamais vu ce saule, disais-je, pleurer des langues de feu fauves. Alors je me suis demandé à quoi avait pensé le peintre en représentant ainsi l’arbre, vu du dessous. Qu’est ce qui l’avait amené à le parer de teintes aussi vives. Je ne voyais là que l’effet d’un crépuscule.

Et puis j’étais surpris, je m’étais plus exactement surpris moi-même en étant attiré par ce tableau-ci, auquel je ne faisais pas face, et qui était loin d’être mon préféré dans la vaste salle silencieuse. Mon penchant allait plutôt vers un autoportrait représenté par le peintre dans son atelier (j’aimais ce contour blanc qui lui donnait un aspect inachevé très moderne), ou encore vers une scène de promenade du côté d’Argenteuil (j’aimais la longue robe blanche de la jeune femme, immuablement soulevée latéralement par une brise que j’imaginais douce ; j’en étais presque à imaginer que la place des robes se trouvait naturellement dans de longues promenades à flanc de coteau, alors que le bas en était enfoui dans de hautes graminées, alors que sûrement que cela ne durait qu’un instant compte tenu de l’aspect incommode du terrain ; sans parler des bestioles qui immanquablement habitaient la verdure.)

Je revenais soudain à moi : on me tirait gentiment par la manche. J’étais alors ressorti du tableau, légèrement abasourdi.

Petite devinette ultra facile : qui a peint les tableaux que j'évoque ?

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Commentaires
P
Choubine : je l'avais bien dit que c'était facile. Oui je suis allé faire un tour au musée Marmottan qui est largement consacré à Monet, et voilà ce que ça m'a inspiré.<br /> Syl, ;-)
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S
hum hum, moi je pense que j'ai pas le droit de parler encore cette fois-ci !
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C
Bonjour, Phil! C'est Monet?
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