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le carnet vert
1 décembre 2007

pêche à l'étang (3)

L’atmosphère avait la couleur du givre. Vous savez, cette sorte d’ambiance d’un gris métallique tirant sur le bleu. L’herbe gelée craquait sous les pieds. La seule note visuelle chaude était ce feu de branchages dont les flammes montaient avec difficulté dans l’air sec. C’est ce qui se passe quand on brûle du bois vert, en l’occurrence des branches de saules coupées sur la berge. De la sauline, comme disaient les gars du coin. Saloperie, renchérissaient-ils, je ne sais pourquoi.

Autour du feu de branchages, on commençait à piaffer d’impatience. Chacun se réchauffait comme il pouvait, emmitouflé pourtant dans de multiples épaisseurs de vêtements conclues par l’inévitable tenue de pêche verdâtre, voire de chasse. Une assemblée de bonshommes Michelin. N’étant pas familiers de ces activités, nous n’étions que deux, le cousin Michel et moi, à ne pas être affublés de la sorte. Pour ma part, j’étais également le seul à ne pas porter de bonnet. Il faisait froid, d’accord, mais n’exagérons rien, ce n’était pas

la Sibérie. Maintenant

tout le monde était arrivé. Mais le poisson était encore dans l’étang. Seul, celui d’entre nous qui s’est attribué cette tâche depuis toujours vaquait dans le trou de pêche (en vrai, cela s’appelle un moine) et retirait régulièrement une planche gorgée d’humidité.

Les bassins étaient en place. Les tables de tri de même. Nous attendions. Dans la vase fraîchement découverte on distinguait les mouvements sporadiques de quelques tanches. A la surface de la flaque proche de la bonde, on voyait affleurer plus souvent le dos des carpes, qui se regroupaient là de plus en plus nombreuses, au fur et à mesure que le niveau d’eau baissait. Il y avait là de beaux spécimens.

A l’est, derrière le petit bois qui entoure le château d’eau, le soleil apparaissait enfin, timidement. C’est alors que celui qui était préposé au guet près du déversoir a poussé une exclamation de satisfaction. Le poisson arrivait. En l’occurrence une malheureuse perche qui dût se morfondre encore de longues minutes, seule dans son bassin, avant d’y être enfin rejointe par le gros de la troupe.

Maintenant chacun était à son poste, prêt à accomplir sa tâche sans perte de temps. Celui qui était près du déversoir recueillait le poisson frétillant dans son épuisette et le transférait dans le bassin métallique posé derrière lui. Un autre venait y puiser un chargement, qu’il portait aussitôt à l’une des tables de tri. Le premier chargement fut pour celle où j’étais posté. Le tri pouvait commencer.

A suivre

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