averse
Tout à coup je me réveille, et je ne sais pourquoi.
Encore embrumé, je remarque une sorte de froissement continu qui n’a pas sa place dans mon rêve. J’écoute.
Aucun autre bruit alentour. On est au plus profond de la nuit, à une heure où personne ne passe, où les chiens des voisins se taisent enfin, où le trafic ferroviaire de la vallée est très diffus. Puis apparaît le son étouffé mais néanmoins cristallin d’une goutte qui tombe quelque part dans un chéneau : il pleut. A cet instant un éclair silencieux entre brièvement par-dessous le rideau. Je me dis que ça ne s’arrêtera donc jamais. La litanie des orages
Soupir.
Je me revois, deux jours plus tôt, debout dans la grange à regarder pensivement tomber la pluie.
Il pleuvait des cordes.
Il tombait des hallebardes.
J’avais armé le flash. De longues traînées parallèles, à peine obliques, avaient zébré la masse vert sombre du forsythia. La cour n’était qu’une vaste flaque. J’y avais fixé les ronds dans l’eau. Derrière la maison, la ruelle devait s’être muée en torrent. J’irais voir.
Il pleuvait encore et encore.
La flaque dans la cour s’élargissait aux limites du possible. Le drain n’évacuait plus assez rapidement. L’eau débordait du caniveau. Des deux bouts, des fleuves miniatures se formaient et progressaient à grande vitesse vers le fond de la grange, sinuant au gré des imperfections du sol cimenté. Bientôt les deux bras se rejoignaient derrière moi. Dans quelques secondes le local serait envahi. J’étais encerclé et j’observais mon refuge de ciment sec se résorber peu à peu.
J’enjambais la rigole de droite. Il n’y avait plus qu’à rentrer.