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le carnet vert
14 juin 2007

évasion

C’est curieux de constater que lorsqu’on se sent bien quelque part, l’esprit s’évade et on pense à ailleurs, à d’autres lieux en d’autres temps, où on se sentait bien également. Un sentiment parfois magnifié par un zeste de nostalgie.

J’ai fait l’expérience de ça il y a peu de temps, j’en ai déjà parlé maladroitement. J’assistais à un concert de musique cubaine, une musique à la chaleur communicative exactement dans l’esprit du Buena Vista Social Club. Le simple fait que le leader du groupe, entre les morceaux, s’adresse à l’assistance assez longuement en espagnol me projetait moi, le spectateur vibrant au rythme de la salsa, sur une place aragonaise surchauffée où il était bon de s’asseoir en terrasse, le soir venu, pour y siroter une boisson fraîche accompagnée de graines de tournesol grillées. Les cubains ne me transportaient pas vers leur île, que je ne connaissais pas, mais bien vers des terres moins lointaines où j’avais passé d’agréables moments et où j’avais eu le sentiment d’être chez moi en dépit de l’obstacle du langage.

Un autre exemple pour illustrer mon propos : lors des dernières vacances, celles de l’été au mois d’avril, j’ai eu l’occasion d’offrir à mes petits-enfants une promenade dans le petit train touristique de la baie de Somme. Il n’y avait là a priori rien qui me prédisposait à me retrouver en pensée des décennies en arrière, le cœur battant d’émotion. D’autant que dans l’expression « train touristique », il y a touristique, justement. Nous étions dimanche, il y avait beaucoup de monde partout, il avait fallu jouer des coudes pour trouver quelques choses à manger au Crotoy pris d’assaut par les hordes rougeoyantes. Bref la semaine s’annonçait mal. Plus tard, nous étions donc assis dans ce petit train qui  haletait le long des quelques dizaines de kilomètres qui séparaient les deux extrémités de son parcours. Je dois bien avouer que la chose était plaisante. La campagne était riante, d’un beau vert tendre. Dans les marais des échassiers étaient en faction, que les enfants observaient avec leurs jumelles. Je l’ai dit, nous étions en avril, mais cette année ce mois était exceptionnel et l’ambiance quasi estivale. Nous avions donc baissé les fenêtres, ce que nous permettait aisément la lenteur du convoi. Et voila qu’au gré d’une courbe la fumée de la loco amenait son odeur de suie dans le wagon. Alors instantanément, sans crier gare, par cette simple stimulation olfactive, je fus transporté au plus profond de mon enfance, lorsque j’accompagnais ma grand-mère pour ses courses et que j’obtenais qu’on fasse un détour à proximité de la gare, là où les locomotives manœuvraient avant que les convois ne s’élancent vers l’est dans un souffle puissant.

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Commentaires
S
Les odeurs sont très souvent des déclencheurs d'émotions surgies du passé. Je suis toujours impressionnée par la force des souvenirs qui ressurgissent alors
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A
Eh oui, c'est la madeleine de Proust !<br /> Sans s'annoncer, une odeur, une image ... peuvent nous transporter à notre enfance et/ou à des moments très précieux que nous croyions oubliés.<br /> Amparo
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