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le carnet vert
21 mars 2007

heimat klänge

C’était un disque de musique électronique qu’Eric m’avait offert. Pour un anniversaire, je crois. Il avait griffonné une dédicace sympa à l’encre bleue sur la pochette intérieure. Ce genre de musique en était encore à ses balbutiements et était surtout l’affaire de quelques groupes allemands comme Tangerine Dream ou Kraftwerk. Celui-ci en l’occurrence était de Kraftwerk. Je serais curieux d’écouter ça maintenant pour juger de l’effet (à supposer que ce soit possible, car primo la tête de lecture de l’électrophone est usée depuis lurette, secundo les disques en question ont disparu comme par enchantement de ma collection…). En tous cas, à l’époque il était de bon ton de trouver ça hyper planant et d’écouter religieusement en prenant des airs extasiés. A vrai dire Krafwerk n’était pas si planant que ça, moins en tous cas que Tangerine Dream. La musique était plutôt faite de sons répétitifs, à la limite du vacarme industriel et avec le recul je vois mal ce que cela pouvait avoir de si fascinant. Je comprends volontiers que des allemands aient imaginés ces rythmes lancinants pour décrire les sons de leur patrie : l’Allemagne est une nation hautement industrielle comme chacun sait.

A chaque fois que je sortais ce microsillon de la pile et que je le mettais sur mon tourne-disque, j’étais un peu interloqué par ce titre, Heimat Klänge. Je passais beaucoup de temps à écouter mes disques, et comme je suis un homme et que par conséquent je ne peux pas faire deux choses à la fois, et bien j’écoutais mes disques et puis c’est tout. Je veux dire par là, en toute honnêteté que non je ne mettais pas un fond sonore pendant que je m’échinais sur mes travaux estudiantins, j’écoutais seulement. S’il faisait beau, je regardais par la fenêtre, mais sans observer spécialement les choses : j’écoutais. J’associe parfois volontiers la vue des branches de bouleaux dansant mollement dans mon champ visuel à telle ou telle envolée sonore échappée des hauts parleurs, mais ce n’est qu’une illusion créée par l’ancienneté des choses, et je suis quasiment certain que je ne faisais pas les deux choses de concert. N’empêche que ces branches chatoyantes, leur seule présence de l’autre côté du mur alors que je me concentrais sur la musique, me donnaient l’impression que la chose était à côté de la plaque, que les sons de la patrie n’avaient pour moi rien d’industriel, mais auraient dû être constitués de pépiements de moineaux, de frottements de branches sur les tuiles, des divers bruits champêtres produits par mon père qui s’affairait dans le jardin. Ou bien, si à cet instant j’avais fouillé au fond de ma mémoire j’aurais identifié comme sons familiers le carillon de la basilique, le halètement des dernières locos à vapeur, le ronronnement du grand moulin, les sirènes des péniches demandant le passage de l’écluse, des choses comme ça qui me parlaient à moi, mais pas les rythmes lancinants et tubulaires sortis d’un trente trois tours.

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Commentaires
S
http://www.radioblogclub.com/search/0/kraftwerk
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S
Tu parles bien de kraftwerk , non ?
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P
Ils chantaient ? Aucune idée. dans mon disque il n'y avait pas de chant.<br /> :-)
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S
c'était bien eux qui chantaient : 3trans europe express" non ?
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