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le carnet vert
19 décembre 2006

souvenir de bavière

(je prends mon bloc et un crayon alors même que le train file au ras des éoliennes beauceronnes, quel hasard ; mais cela n’a pas d’incidence sur ce dont je me souviens à ce moment).

… Pour traverser le lac, nous avions pris un ferry à Romanshorn (je crois), un lac qui était assez vaste pour justifier une traversée en correspondance avec les horaires ferroviaires des deux rives, il n’empêche que j’ai toujours été surpris par le vocabulaire emphatique de l’allemand à ce sujet, qui confond mer et lac dans le même mot, See.

Sur l’autre bord un train nous attendait et nous en fûmes satisfaits. Oui, à la réflexion, des décennies plus tard, il est étrange de constater que notre errance d’étudiants en vacances, donc encore plus désoeuvrés que d’ordinaire, était balisée par des horaires. Nous n’avions rien de précis à faire, si ce n’est prendre des trains qui menaient ailleurs, dans d’autres villes, où nous ignorions ce qu’il y avait à voir, où rien de prévisible ne serait à faire. Nous prenions des trains, donc. Et des ferries.

Le train nous a déposés dans la première ville de quelque importance, c'est-à-dire présente sur nos atlas d’enfants, le jeu étant qu’elle fût située au-delà d’une frontière afin que nous puissions bénéficier du tarif inter-rail. La frontière se trouvait au milieu du lac, entre Romanshorn et Friedrichshafen. D’un côté comme de l’autre (de la frontière immergée) on parlait allemand.

Au petit jour, alors que nous avions trouvé avec difficulté un mauvais sommeil sur les bancs d’un jardin public, enfouis jusqu’aux cheveux dans nos sacs de couchage crasseux, une femme d’un certain âge nous avait secoués en baragouinant quelque chose de mal identifiable. De vagues réminiscences de mes cours d’allemand, pourtant pas si lointains, m’ont permis ainsi d’apprendre qu’il faisait frais. La belle affaire. Ça valait la peine de nous réveiller pour nous dire ça. Comme si on ne pouvait s’en rendre compte tout seul.

Plus tard, je me réveillais (encore) à l’arrière d’une mercédès qui filait à presque 200 km/h sur une autoroute déserte qui éventrait une forêt de conifères. J’étais pris de vertige, à cause de l’effet de la vitesse, voire de nausée à l’évocation de faits historiques horribles pourtant clos avant ma naissance, tandis qu’un panneau indiquait la sortie vers Dachau…

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