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le carnet vert
9 octobre 2006

chute minérale

P1010293

La route grimpe en sinuant parmi les bois de châtaigniers en chatons. C’est une route secondaire, faite d’un revêtement blanchâtre comme on n’en voit plus guère. Elle me rappelle les routes minuscules par lesquelles, il y a des décennies, nous montions vers les sommets du Lozère ou de l’Aigoual. Nous ouvrions alors, en grand, enfin autant que possible, les vitres de la 4L et nous nous laissions griser par un vent frais chargé de senteurs boisées. Il y avait une lutte rieuse entre nous, à savoir qui de celui qui a soif d’odeurs et de celle qui se voit obligée d’enfiler son gros pull de laine chinée aura gain de cause. Elle enfilait son gros pull.

Cette route-là, donc, celle du présent, grimpe vers de semblables hauteurs battues par les vents, vers des lieux improbables dont j’ai oubliés les noms, des espaces infinis tapissés de fougères et de myrtilles, des endroits près du ciel, là où subrepticement naissent des ruisseaux appelés à devenir fleuve. Et dire que j’ai oublié la longueur de la Loire. On apprenait pourtant ça, dans le temps, à l’école primaire.

Nous traversons un bourg alangui au soleil. Un peu d’animation règne dans les rues étroites, l’ambiance est à la fois rude et méridionale. Et puis la route grimpe encore. Bientôt on n’aperçoit plus aucun hameau, aucune maison isolée, que des versants moirés où la roche nue le dispute au vert ondulant de la végétation arbustive.

Près d’un virage serré, une ancienne auberge est endormie pour longtemps, semble-t-il. Son nom se devine encore, tout délavé au-dessus de la porte close. Une image pour les nostalgiques.

Plus haut, alors que nous avons laissé les voitures, que les oreilles se débouchent progressivement, chaussé des croquenots ad hoc, nous nous engageons sur un sentier facile. Bientôt le murmure de l’eau se fait grondement. Nous traversons un superbe bois de hêtres. Et puis extasiés, nous levons des visages ravis vers la cascade aux embruns rafraîchissants. Par une brèche ouverte dans la montagne la roche semble avoir précédé l’eau, des colonnes de basalte parallèles jaillissent selon la même courbe que décrit la chute du torrent, et sont figées dans cet étrange mouvement, certaines presque à l’horizontale, comme si elles avaient été couchées par un vent fou, celui qui balaie les hauteurs tapissées de fougères et de myrtilles.

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Commentaires
B
La roche à côté de la cascade est vraiment superbe !
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M
C'est superbe. Si tu as l'occasion d'y retourner, essaies de prendre la même photo en augmentant le temps de pause !
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P
Héhé...le même que le mien, je sais. La cascade n'est pas tout près, il faut marcher un certain temps pour l'atteindre.
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S
Demain, je mets l'album en ligne
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P
Syl,j'ai retrouvé ta photo, elle vaut bien une note à elle seule !<br /> ;-)<br /> Pralinette : moi aussi je connais un camping dans les Bauges, mais sans cascade, celui-là...
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