Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
le carnet vert
30 juin 2006

petits riens

Nous n’étions plus que deux sur la conférence Yahoo, l’une d’entre nous ayant dû se précipiter dehors pour ramasser son linge. Parce que là-bas, à des centaines de kilomètres de moi, l’orage daignait enfin éclater. Nous avons continué à deviser un peu à deux. Et puis, par la porte ouverte, j’ai entendu le bruit d’une voiture qui descendait dans la cour. Ce n’était pas le bruit familier de la voiture d’Elle, c’était un moteur inconnu, et une façon inhabituelle de fouler la roche et la terre battue : j’avais de la visite.

Nous avons mis un terme à la conférence Yahoo. On dit qu’on arrête, qu’on a de la visite, puis chacun dit au revoir, à bientôt, bonne soirée, merci. On a un mal fou à se quitter. C’est qu’il reste à chaque fois tant de choses à dire. Même quand parfois on reste dans le banal ou le futile.

Le temps que je fasse tout ça, envoyer des messages d’au revoir dans la conférence Yahoo, Marie était déjà entrée dans la maison. J’ai entendu sa voix sans la reconnaître au premier abord, et j’ai crié que j’étais là, dans la pièce du fond, devant l’ordinateur.

J’étais très surpris de voir arriver Marie. Oui, parce qu’Elle n’était pas rentrée, et qu’elle était censée être chez Marie, qui organisait une sorte de réunion Tupperware, mais avec des produits d’entretien bio. Je me suis souvenu qu’Elle devait faire quelques emplettes au Super U, après la réuniontupperdeproduitsdentretienbio.

Ne te dérange pas, m’a dit Marie, je descends le reste du clafoutis dans la cuisine, Elle a oublié son panier et le clafoutis chez moi. Je me suis dérangé : je l’ai accompagnée dans la cuisine. J’ai mis le clafoutis dans le four, à cause des mouches. J’étais content qu’il en reste un peu. Du clafoutis, pas des mouches. Des mouches il en restait beaucoup, hélas. J’étais content à l’idée d’y goûter au dîner. Au clafoutis. Pas aux mouches. Fait avec ces belles cerises que j’avais cueillies la veille. Et que nous avions dénoyautées exprès.

Marie a dit qu’il y avait un truc spécial dans le clafoutis, ça donnait un goût, un bon petit goût. Spécial. Je savais, bon sang. C’était la fève de tonka. J’ai attrapé le flacon de tonka dans le présentoir à épices, je l’ai ouvert et je le lui ai fait sentir. Elle a trouvé ça délicieux, ses yeux le disaient. J’ai demandé si des fois l’odeur ne lui rappelait pas quelque chose. Ah si si si. Elle a cherché vainement et n’a pas trouvé. Pour l’aider j’ai dit, une odeur qui vient de l’enfance. Elle a encore froncé le nez sans succès. Pas toujours facile à ouvrir, les vannes de la mémoire. Je lui ai parlé alors des petits pots de colle blanche de l’école, avec un alvéole pour y ranger la minuscule spatule. Oui oui oui oui oui. C’était bien ça. Je dirais même plus, voué voué voué voué voué.

J’ai dit à Marie que j’avais préparé de la paella pour le soir (sans tonka, m’enfin), que si ça l’inspirait, elle serait la bienvenue. Elle a décliné l’offre bien sur, Marie est toujours pressée, elle a toujours un tas de trucs à faire, d’ailleurs là, présentement, maintenant, tout de suite, elle devait aller urgemment promener son chien. Qui n’en pouvait plus, parait-il. Le chien. Et de fait j’ai vu que l’animal était en train de rissoler gentiment à l’arrière de la bagnole.

Au moment où elle allait partir, pas de chance, Elle est arrivée de retour du Super U. Là, j’ai bien reconnu le bruit du moteur, et sa façon de fouler la roche et la terre battue de la cour. Il faut dire que c’était plus facile aussi, puisque j’étais dehors et que je la voyais arriver.

Elles avaient encore des tas de trucs à se dire, tout n’avait pas été déballé a la réuniontupperdeproduitsdentretienbio, il faut dire que nos histoires de famille, même sans intérêt ne regardaient pas les autres participantes (je suppose qu’il n’y avait que des femmes, à cette réunion ; c’est peut-être pour ça, d’ailleurs, qu’il restait du clafoutis, les femmes sont moins voraces, en général). Elles ont parlé d’une histoire de géranium, Marie en fait une sorte de collection dans son jardin, de vrais géraniums, hein, pas ceux qu’on met en pots et qui sont en fait des pélargoniums. Je les ai suivies au fond du jardin, pour rendre visite à notre unique spécimen, qui était fané depuis longtemps, il a fallu expliquer que ces fleurs roses et délicatement veinées étaient comme ceci plutôt que comme cela (Elle faisait un rond avec son pouce et son index pour donner une idée de la grosseur des fleurs). Marie était intéressée, parce que dans son idée les fleurs auraient plutôt ressemblé à cela. Comme quoi, hein. J’ai bien senti qu’à l’automne je devrais opérer la plante pour en donner une touffe.

Puis Marie est partie. A l’arrière de la voiture, le chien rissolait et nous regardait d’un air fataliste. Tout ceci a duré au maximum un quart d’heure, ce ne sont que de petits riens, des parfums oubliés, des fleurs fanées, des paroles sans importance, et ça contribue pourtant grandement au bonheur du jour.

Publicité
Publicité
Commentaires
D
En effet, il n'y avait que des filles!!! ,-)
Répondre
S
il vous faut reviendre pour vérifier ça tous les deux....on ne peut rester dans un tel doute ! ;-)
Répondre
P
melde alols, me selais-je goulé ? je cloyais en avoil compté 9659. Damned.<br /> :-D))
Répondre
P
Syl Koikigniaaaaa ?<br /> Koikédefamille ? Les touls de magie ? ben oui c'en est un que de monter 9654 malches d'escalier en quinze minutes (chlono !) pdllll
Répondre
S
c'est de famille Pralie ? pdlllllllllllll
Répondre
le carnet vert
Publicité
Archives
Newsletter
14 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 145 952
Publicité