28

A cette heure-là, il y a peu de circulation, la plupart des gens sont rentrés chez eux. Au stop je laisse passer trois camions avant de m’engager sur la nationale. J’en profite pour enlever ma veste. La lumière du jour est moins violente qu’en milieu de journée, je n’ai pas eu besoin de chausser mes lunettes de soleil.

Malgré un grand nombre de kilomètres au compteur, la voiture blanche est encore bien vaillante. Il me faut peu de temps pour dépasser les trois poids lourds, puis pour en rattraper deux autres. Au moment où je dépasse celui de tête, qui transporte des voitures qui ne semblent pas neuve, je remarque qu’il est écrit sur la portière du chauffeur, en lettres rouges, un numéro de téléphone, et ce que je suppose être le nom d’une localité, La Bazoche-Gouet. Je n’ai jamais entendu parler de cet endroit, que je suppose situé du côté de la Normandie ou du Perche. Mes yeux ont longtemps voyagé sur les cartes Michelin, et il me semble me rappeler que c’est principalement dans ces régions qu’on rencontre des toponymes comme Bazoche ou Bazoge… (dérivés du latin d’église « basilica », si ma mémoire est bonne).

Je m’en pose des questions, hein, alors que je pilote ma voiture blanche et que je double des camions sur la nationale à quatre voies.

Dans le rétroviseur, je tente de lire la plaque d’immatriculation de l’engin, ce n’est pas facile, on voit à l’envers dans un rétroviseur, alors le département c’est 82 ou 28 ? Il me faut un léger temps de réflexion. Allez 28, c’est ça, il emporte ses voitures, neuves ou avariées, je ne sais, vers Chartres ou Dreux, ça me rappelle quelques souvenirs pas forcément malheureux, même si à mon corps défendant j’accomplissais mon service militaire dans ces contrées céréalières.

Dans le rétro je vois le chauffeur, son profil éclairé par le soleil du soir. Il est torse nu. De le voir comme ça, j’ai l’impression qu’il est dans sa bulle, une sorte de chez soi roulant, où il prend ses aises tout en activant pédales et leviers, tout en surveillant sa trajectoire. Fugitivement j’essaie d’imaginer une vie de chauffeur routier. Et puis mes pensées s’estompent vite, tandis que dans mon rétroviseur le camion de la Bazoche-Gouet disparaît au gré d’une courbe de la route.

Comments

[Paris passion]

et ça m'amuse alors je continue jusqu'au jour où je sècherai !

Amicalement

P@sc@l - "fan-du-car-nait-vert-igineux"

[phil]

Pascal, tu es un expert en charades ?
;-)

[Paris passion]

...qui font les bons moments !
C'est ma chanson du jour à lire ton article !
C'est fou comme le cerveau peut faire plusieurs choses à la fois !
Et construire en plus le récit que tu t'es empressé de retranscrire ici avant qu'il ne s'échappe de ta mémoire !

Amicalement

P@sc@l - "K-mit-honneur"

[phil]

:-)
(pas d'S à l'impératf, il me semble. A vérifier)

[Syl]

voué voué voué voué voué

Nous saurons dissocier les deux, balade et détente devant un verre ! Aie(s?) FOI en moi !