adieux
Je viens d’aller saluer un collègue qui part en retraite. En fait je viens d’assister à son pot de départ. J’ai bu un verre de jus d’orange, et j’ai mangé deux ou trois petits fours (tout petits, hein). J’aurais pu opter pour une coupe de champagne, mais je dois prendre la voiture après. Je suis un garçon sérieux, moi.
Enfin, bref, je n’étais parti à vous parler des risques liés à l’alcool, mais du départ en retraite de mon collègue.
Oui, parce que c’est un peu émouvant quand même, ce genre de circonstance. Ce gars-là, j’ai travaillé avec lui il y a plus de vingt ans, j’ai travaillé aussi avec son épouse, nous avons eu des liens d’amitié qui se sont un peu distendus par la suite, c’est la vie. Ça m’a fait tout bizarre de me retrouver soudain parmi des gens surgis du passé. Même si je les aperçois ici ou là, dans les couloirs ou à la cantine, ce sont les gens du passé, ceux à côté de qui j’ai travaillé, il y a longtemps et ça me projette en arrière d’échanger quelques mots avec eux.
Certains sont déjà à la retraite depuis plus ou moins longtemps. Et ceux-là, que je n’ai pas souvent l’occasion de rencontrer, ça me fait encore plus quelque chose de leur serrer la main (ou de leur faire la bise pour celles-là). Quelques uns d’entre eux n’ont pas changé, c’est très étrange, tandis que d’autres ont pris un sacré coup de vieux, on les reconnaît à peine, c’en est presque gênant.
Oui, je disais que c’est émouvant, les pots de départs en retraite, du moins ceux de ce genre, où l’heureux élu a lancé de nombreuses invitations à la ronde, et où on se retrouve un peu à l’étroit dans un local habituellement plutôt vaste. Comme ça se passe toujours dans la même salle, c’est un peu le baromètre de la popularité du gars, entre parenthèses, là on était à l’étroit, mais c’est déjà arrivé d’autres fois où on ne se gênait pas aux entournures.
Le pire du pire, c’est quand tu te prends en pleine poire le discours de ton chef du service, un laïus de deux pages, serti d’éloges évidemment, mais qui te fait inévitablement venir les larmes aux yeux, que le discours que toi tu as préparé en réponse, tu peux même pas le lire tellement que ça fait de la buée sur tes lunettes. C’est ce qui s’est passé, là. Je crois que rien qu’à cause de ça, je ne ferai jamais ce genre de truc, quand mon tour sera venu. Je n’aime pas bien être à l’honneur, voyez-vous.
En attendant, il y en a un autre qui part jeudi prochain, et un autre le jeudi suivant. C’est la débandade.