22 juin 2015
un muret face au port
J’aurais voulu m’arrêter un peu. Je me suis assis quelques secondes sur un muret tout neuf, le temps pour toi d’ôter ton pull et de réajuster ton sac sur ton épaule. Nous étions face au port. La ville s’offrait à notre admiration. Comme si nous étions au théâtre. C’était d’ailleurs déjà arrivé par le passé : nous étions assis sur des bancs de fortune, ravis par les embrasements d’un « son et lumière ». La vélo-route n’existait pas, les murets tout neufs non plus. Peut-être la passerelle, et encore, je ne suis pas sûr.
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11 juin 2015
balbutiement
Quand j’étais jeune, avant de rencontrer Elle, je n’écoutais jamais de chansons françaises. Les seules exceptions étaient quelques titres de Brassens, que nous avions étudiés en cours de français, au lycée ; et deux ou trois rengaines de Joe Dassin, que je fredonnais parfois, depuis que nous l’avions vu en concert à Chamborigaud, en nous haussant par-dessus une haie alors que j’étais adolescent. Je ne pouvais donc pas deviner qu’un chanteur en particulier deviendrait un jour une sorte de pilier de mon refuge personnel.
J’ai en... [Lire la suite]
27 mai 2015
requiem pour les murs
Le train sort du tunnel. Les voies s’élargissent en écheveau. On entre dans la ville. Au ralenti. Il fait beau. Sur ma rétine se gravent des sensations de murs blancs, de toits de zinc, de saleté, bien sûr, liée à la couleur. Il semble qu’on ait refait les tags. Partout du linge qui sèche et des signatures peintes, obèses. Des lettres sans sens, sauf peut-être, j’espère, pour ceux qui les ont tracées. Sur un mur bordant la voie, je repère ce mot : Zarmo. Je ne me souviendrai que de celui-ci. Je lui attribue ma propre... [Lire la suite]
18 mai 2015
jean
Il chassait le perdreau, le faisan et tout ce que les haies offraient en matière de petit gibier à plumes ou à poil. Parfois je l’accompagnais. Seul, rarement. Avec toi, souvent. Je portais la musette. Si l’occasion se présentait, je ramassais des champignons, ou je mordais dans des pommes à cidre toutes en fraîcheur à cause de la rosée. Il arrivait même que je cueille de ces grosses grappes de noah en passant dans la vigne à Joseph, dont les grains prenaient en bouche une consistance bizarre et dont le goût évoquait l’éther. Bref, la... [Lire la suite]
11 mai 2015
la princesse du rail

06 mai 2015
dune
Selon mon cher petit-fils, le comble du swag (ou souague ?), la semaine dernière, fut notre ascension de la dune du Pilat. Ne me demandez pas ce que signifie swag, je n’en sais rien, j’ai découvert le mot en même temps que la dune, à peu de choses près. Si j’ai bien observé son utilisation de cette expression, je traduis approximativement par « avoir du style » ou « avoir la classe ». Comment ? Tout le monde sait déjà ce que cela signifie ? Sauf moi ? Et bien moquez-vous. Bref. Pour en revenir à... [Lire la suite]
04 mai 2015
landes
La première fois que j’ai séjourné dans les Landes, j’avais fêté mes quatorze ans la veille. Nous étions en juillet, je partais en colonie de vacances. Disons plutôt en camp d’adolescents, puisqu’à compter de cet âge, on changeait de statut. Il va sans dire que, compte tenu de ma date anniversaire, j’étais le plus jeune. Mes souvenirs de ces temps lointains sont extrêmement diffus. Je sais que nous occupions des locaux sans confort exagéré, ce dont à l’époque je me contrefichais, qui trônaient au milieu d’un airial, au fin fond de la... [Lire la suite]
17 avril 2015
sous les pavés, la plage
Tout à l’heure, j’ai eu l’impression de rajeunir de quarante-sept ans. Je n’en ai pas spécialement envie, d’ailleurs. Retomber en enfance n’est pas une perspective réjouissante. La vue d’un pavé autobloquant en béton rosâtre, évadé de sa structure d’origine pour être posé en contrebas du perron de la Boîte, m’a replongé un instant dans l’ennui d’un printemps chaud, alors que le lycée avait été déserté. J’ignore qui s’est débarrassé du pavé à cet endroit, et pour quelle raison, la cour d’honneur n’étant pas pavée mais goudronnée. Pour... [Lire la suite]
16 avril 2015
quelques chaises dans une vitrine
Trois chaises gisent en vrac dans une vitrine. Je dis trois car c’est un chiffre qui vient souvent à l’esprit quand on conte. En fait elles sont plus nombreuses. Disons huit. Ou neuf. Bref. Leur nombre est sans importance. Ce sont de vieilles chaises, semblables à celles que j’ai connues au lycée, qui étaient déjà vieilles à l’époque, assise et dossier de contreplaqué verni, voire gribouillé, montés sur des tubulures métalliques à la peinture brune ou verdâtre écaillée. Je m’en souviens fort bien. Les tubulures des nôtres étaient... [Lire la suite]
13 avril 2015
un pique-nique
Nous parvenons à destination enfin, au bout d’une route infime, impossible de s’y croiser. Un parking. Du gravier au sol, piqueté d’herbes folles. Un peu d’ombre, pas beaucoup. De la place pour une dizaine de voitures, pas plus. Le soleil d’avril, vers midi. Le silence après que le moteur s’est tu. Le silence comme une illusion, vous savez bien, à cause des oiseaux et des insectes.
Je sors du coffre panier et glacière. Nous nous asseyons près de la voiture, et près du sol, sur un madrier aux allures de traverse de chemin de fer. Nous... [Lire la suite]