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le carnet vert
21 mars 2019

phoques

Nous sommes peut-être égoïstes. Tant pis. Certains lieux, nous aimerions en jouir seuls, en toute tranquillité, sans paroles, le vent et le ciel aiguisant notre paix intime. Ce jour d’octobre plutôt froid, ce n’était pas le cas. Des couples, des solitaires, des petits groupes, mais essentiellement des couples, je suppose des retraités à notre image, sillonnaient la pointe en remuant bruyamment les galets. On ne s’aperçoit du bruit des galets remués qu’à quelques dizaines de centimètres. Sinon le mugissement du vent et le grondement du ressac couvrent tout.

Je me souviens de cet épisode parce que pendant les infos de midi, mon regard s’est distrait de la télévision pour se porter sur les rayons de ma bibliothèque. Sans doute parlait-on de choses futiles ou ennuyeuses, tel la politique politicienne. Un ouvrage sur la baie de Somme m’a fait de l’œil. Je me suis levé pour m’en emparer. Je l’ai feuilleté brièvement, et mon esprit s’est évadé. Je me suis aussitôt retrouvé à la pointe du Hourdel, à l’extrémité extrême, exactement là où le fleuve déverse son dernier soupir dans la mer. La marée descendait. Le courant était fort. Assis sur les galets, à un mètre à peine de l’eau, je me laissai volontiers envahir de bien-être, j’étais presque heureux, et Elle aussi, j’espère, quand soudain la magie a cessé d’opérer. Des voix. Des gens parlaient. On nous parlait. On tendait le bras en direction du flot, là où le courant semblait le plus vif. Je ne compris pas immédiatement ce qu’il pouvait y avoir d’intéressant, jusqu’au moment où j’ai aperçu la tête d’un phoque, puis d’un autre, et d’un autre encore. Les animaux descendaient avec la marée. Nous étions contents de les voir, même si nous ne l’avions pas anticipé. Bien sûr nous savions que les bancs de galets découverts par la marée basse, un peu au large abritaient quelques colonies. Manifestement les gens étaient venus exprès. Pas nous. Nous avions juste envie de nous reposer là, disons même en quelque sorte de nous recueillir, parce que nous étions déjà venus il y a longtemps, un 14 juillet, et alors nous étions seuls à goûter le silence des galets remués, nous moquant éperdument des éventuels phoques. Il m’avait semblé m’enfoncer dans des vagues molles de galets, tant je m’étais détendu, et j’ai gardé de cet instant un souvenir indélébile.

 

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