rails
Je ne sais pas si vraimant j'avais atteint l'âge de 1000 kilomètres. A la réflexion, il me semble que j'étais beaucoup plus vieux que cela. En fait le kilomètre était inscrit dans mes gènes. Cela me venait de mon arrière-grand-père que je n'avais pas connu, celui qui était chauffeur. Je me souviens qu'enfant je lui rendais parfois visite au cimetière, tenant sagement la main de ma grand-mère, sauf quand je lui échappais pour ramasser des cailloux aux empreintes de coquillages. Nous passions non loin des voies ferrées et j'étais ébloui par le halètement puissant des convois à vapeur en partance pour la montagne. Aujourd'hui, à l'heure de ces horribles TGV conduisant de nulle part à ailleurs à la vitesse du vent, je ne suis pas étonné de me prendre de sympathie pouur des rails rouillés semblant naître d'une poignée d'herbes folles pour s'enfuir vers un néant brumeux
Petit texte écrit lors d'un atelier d'écriture à Bourges, le 9 mars 2018