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le carnet vert
3 juillet 2017

émotions

Le 1er juillet il pleuvait. La veille, le 30 juin, il pleuvait aussi. Et il pleurait. Je dis ça pour le jeu de mot, bien sûr, et aussi parce que le 30 juin était un jour d’émotions. Je n’en savais rien avant, ce n’était même pas mon anniversaire, pas encore, mais dès le matin de ce 30 juin, il y avait quelque chose dans l’air. Pourtant il pleuvait.

Lorsque je sui revenu de la boulangerie, que j’ai eu fini de préparer le petit déjeuner, je suis allé chercher Elle dans la chambre. Elle lisait. Des larmes glissaient sur ses joues. Elle a refermé son livre et m’a souri. Ce n’est même pas triste, m’a-t-elle assuré. Secrètement j’ai remercié l’auteur de l’ouvrage, qui savait si bien activer son émotion.

Nous avons bu le café et mangé les tartines, tandis que la radio débitait les informations, et c’était le dernier jour de Patrick Cohen sur France Inter, ch    aque chroniqueur, chaque chroniqueuse y allait de son couplet gentil, et l’émotion était encore au rendez-vous, très professionnelle, n’est-ce pas, mais quand même. De plus l’invité de l’émission était Bernard Lavilliers, l’homme debout, l’inlassable conteur des aciéries défuntes. Alors en matière d’émotions, pensez… Nous ne connaissons pas du tout la Lorraine, les mines, les hauts-fourneaux, la tristesse des fastes oubliés et de la vie passée. Pourtant Elle et moi étions aux aguets, la tartine en suspens, à l’affut des mots. Un courant passait, qui nous parlait de classe, qui nous parlait de nous, peut-être.

Plus tard dans la journée, nous avons appris le décès de Simone Veil. Nous avons fait silence. Que dire. Sinon l’admiration. Et l’émotion.

Dans l’après-midi nous n’étions pas tristes. Pourtant nous visitions une exposition qui parlait d’exil, Ciao Italia, des gens qui avaient un jour quitté leur terre pour venir en France. Nous avons écouté François Cavanna nous raconter la truelle de son père maçon, nous avons écouté Reggiani chanter l’Italien, et Montand Bella Ciao. Nous avons passé les cols avec les coureurs du tour de France. Nous avons tenté de retrouver le goût du Cinzano. Nous avons pensé à nos lectures. Nous avons pensé aux paysages visités dans la vallée de la Trebbia (j’ai pensé à Caravan, au plaisir de l’écriture). Nous avons pensé à nos amies ayant fait le voyage en sens inverse. Nous n’avons pas d’attaches familiales en Italie. Juste des amies. Et pourtant il y avait là, dans cette exposition, quelque chose qui faisait battre mon cœur un peu plus vite. Quelque chose comme de l’émotion.

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Commentaires
P
Emouvant texte, je n'ai pas connu mes beaux parents quittant leur Italie natale mais c'était ça : truelle de maçon pour mon beau père, usine de soierie pour ma belle mère. Ils avaient 15 ans, des trains entiers de jeunes italiens, ils étaient encadrés. Ils se sont connus, mariés en France. En France pour toujours.
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