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le carnet vert
23 mars 2017

traces noires

Jour de marché, temps gris, vent et crachin. Typique de la région parisienne ? Typique d’un mois de mars ? Typique du temps que je n’aime pas. Puisse la morosité ne pas m’envahir.

Panier à la main, je passe devant la maison aux pigeons. La dame à sa fenêtre, robe de chambre et cigarette, me salue. Le temps a changé ! Eh oui. Hélas. Conversation banale entre inconnus ouverts. Les pigeons sont globalement absents. Tant mieux. Je n’ai rien a priori contre ces volatiles, sauf s’ils se trouvent en grand nombre dans un endroit restreint, tel que cette maisonnette ou le grenier de notre immeuble. Je présume que sur la place Saint-Marc à Venise ils ne susciteront pas la même aversion de ma part. Il faudra que j’aille me rendre compte. Un jour.

Plus loin un emplacement de stationnement curieusement inoccupé. Est-il maudit ? On pourrait l’imaginer au vu du goudron calciné balafrant le trottoir et le caniveau. Ici une voiture a brûlé. S’agissait-il d’un accident dû à une panne fatale ? S’agissait-il d’un acte de malveillance ? Voire de la trace d’une de ces émeutes banlieusardes qui font se ratatiner le bourgeois ? Je l’ignore. En tous cas cela m’a rappelé un autre trottoir, pareillement calciné et déformé. Et j’entends encore mon père vitupérer contre la municipalité qui ne fait rien pour améliorer les conditions de vie du piéton urbain et âgé, malvoyant et chancelant. La dernière fois que j’ai entendu sa diatribe à ce propos, il me semble, nous avions fait une lente promenade autour du pâté de maisons et nous avions fait halte afin de nous asseoir ensemble sur le banc qui fait le coin de la rue du Général Lachiche et de l’avenue Pompidou, lui équipé de sa bouteille à oxygène, moi armé d’un appareil photo, allez savoir pourquoi (mais si, je sais, il voulait qu’on nous photographie ensemble, les hommes de la famille, c'est-à-dire lui, moi et mon neveu ; nous étions en août, c’était une de ses dernières promenades). En face de nous donc se trouvait ces traces d’incendie datant de plusieurs années déjà, mon père m’avait dit qu’on avait mis le feu à une poubelle. Je pourrais élargir mon discours à d’autres places de stationnement brûlées, à d’autres coins de rues sinistrés, ce ne sont pas les occasions qui manquent. Oui, je pourrais décrire tout cela avec plus de mots, forcer l’évocation, et qui sait si cela ne pourrait pas constituer, sinon un départ d’incendie, du moins le début d’un futur roman ?

C’est Elle, mon épouse, qui a pris la photo de nous trois sur le banc.

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