celui qui vient à elle
Une photographie en noir et blanc, tirage argentique à l’ancienne. Une femme est assise sur un lambeau de monument sculpté, quelque part en Egypte. Entre parenthèse je me demande si le photographe ne conserve que des images bizarres de ses voyages. Peut-être ne sont-ce que celles qu’il décide d’exposer. Je crois que personnellement je ne ferais pas ça, je n’oserais pas afficher le regard poétique. Décalé, dit-on.
Donc sur cette roche d’Egypte sculptée, une femme se tient assise, occupée à triturer je ne sais quel objet qui pourrait bien être un appareil photo compact, ou un téléphone de poche… Un exemple d
e technologie mobile ? Je n’ai pas fait attention à la date de prise de vue, peut-être déjà ancienne. Un homme se dirige vers la femme. De lui on ne voit que la jambe gauche, floue. On devine que le photographe a posé son appareil par terre ou sur un support, pourquoi pas un autre lambeau de temple égyptien, et qu’il a enclenché le retardateur. Il est celui qui vient vers sa femme.
Alors je me dis qu’Elle aussi s’assied volontiers quelque part pour examiner un pur produit de la technologie, son appareil ou son téléphone, fascinée ou plus sûrement agacée par les mystères de l’objet, que nul mode d’emploi ne saurait révéler. Et je me dis encore que je suis celui qui vient à elle, toujours, jour après jour.