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le carnet vert
8 mars 2016

en suivant le courant

Ancré dans un samedi frais, je suivais le courant. La radio annonçait de la neige et des bourrasques, ailleurs, pas toujours très loin. Si on y ajoutait le va et vient habituel des vacanciers à cette saison, la route pourrait s’avérer difficile pour certains automobilistes malchanceux. Je n’étais pas concerné. J’en étais bien aise.

Hormis quelques giboulées, il faisait beau. Je suivais le courant.

C’est quelques jours plus tard qu’il me vient à l’esprit que j’étais ancré dans quelque chose et qu’en même temps je suivais un courant. Qu’en cette journée-là, faite d’eau vive et de décor ferroviaire, j’approchais de certaines de mes racines.

Je revois en particulier un paysage précis.

Je saurais peindre, je tenterais peut-être de le faire revivre.

Je me souviens qu’enfant je conservais mon regard rivé sur le tableau qui s’offrait à moi, en contrebas de la voie. Je ne sais même plus si je me rendais compte que la vitre du compartiment était sale. Le train filait à travers la campagne bourguignonne. Le vert des prés éclatait. On l’aurait cru repeint de neuf. Et au milieu serpentait une petite rivière, l’Armançon, je crois, parfois fantasque, le plus souvent paisible, qui, en ces temps de couleur vive, se répandait un peu en dehors des rives, s’en allant lécher les pattes des ruminants placides.

Voilà les images qui me venaient. Ou qui me viennent quelques jours plus tard. Des lieux distants de quelques centaines de kilomètres, vus en un temps que je dois compter en décennies.

Le matin j’avais enjambé la Sèvre à plusieurs reprises, et longé des canaux gorgés des récentes pluies. Le marais suintait. J’ai repéré une longue allée de bois qui invitait à la promenade. J’aurais eu le temps et j’aurais été armé de mon appareil photo, je me serais certainement arrêté. Je reviendrai avec Elle.

La Sèvre ne ressemble pas à l’Armançon. Le marais n’évoque pas la moindre vallée de l’Auxois. Je n’aurais eu aucune raison de cette association d’idée si, l’après-midi même, je n’avais eu l’occasion de visiter une maison à vendre, proche d’une voie ferrée. Des fenêtres de l’étage, on pouvait voir les rails tout proches. Si l’affaire venait à être conclue, la pièce deviendrait la chambre de mon petit-fils. Je me suis demandé si, à son âge, j’aurais aimé cette situation : me tourner vers la fenêtre de ma chambre et voir les rails, voir les trains, les suivre du regard et du rêve dans leur course folle. Je crois bien que oui.

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Commentaires
C
Mais les trains ont changé depuis ton enfance...
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C
Un beau texte, qui serpente comme rivière.
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le carnet vert
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