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le carnet vert
11 septembre 2014

voyage en train

Nous traversions une contrée de douces collines verdoyantes. Un rayon de soleil perça un instant la gangue de nuages pour iriser la frange des maïs. Je lisais. Pour autant il m’était difficile de rester complètement indifférent au paysage. Depuis l’enfance, j’étais bâti, entre autres, de cette passion pour les campagnes découvertes fugitivement depuis les vitres des trains. Je me distrayais donc de ma lecture, sautais de vigne en prairies, de colline en forêt. J’éprouvais du plaisir. Parfois le train traversait une agglomération. Ville, village ou hameau ? On n’était pas toujours en mesure de le dire. Ces localités étaient-elles pourvues d’une gare ? Alors on en frôlait le quai à grand fracas. Je me contorsionnais pour apercevoir le nom du lieu sur les minuscules panonceaux bleus censés donner ce genre d’indication. Tu parles. Impossible à lire. Trop petit, mon ami. Ou alors ma vue avait baissé, ce qui n’est pas une nouveauté. Ou alors le train allait trop vite. Ou alors… Je ne sais pas. Je faisais appel à ma mémoire. Je tentais de me figurer les villes sur les cartes Michelin, de visualiser le lacis des traits jaunes ou rouges représentant les routes principales. En vain. Lorsqu’on voyage en train, on a tendance à se sentir là, quelque part, et de voir passer les lieux. Enfin j’ai cette impression. À moins que ce soit un tic de langage. Toujours est-il qu’à un moment j’ai troublé la lecture d’Elle en lui assurant que j’avais vu passer Chalais. Je n’avais pu lire le nom de la ville sur les panneaux du quai, bien sûr, mais j’avais parfaitement reconnu le château qui la toisait. Plus tard, le train fit halte à Libourne. J’étais interloqué. Déjà ? Mon problème, c’est qu’entre les deux j’avais vu passer au moins une autre ville, enfin disons une localité d’importance, puisqu’elle était pourvue d’immeubles, et non seulement de maisons campagnardes, et j’avais beau me torturer les méninges, je n’avais aucune idée du nom de la cité en question. Cela me perturba assez. Heureusement une agréable déambulation sur le port de la Lune allait bientôt dissiper toute préoccupation existentielle.

 

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Commentaires
C
Tu n'as pas redérangé Elle pour le nom de la ville entre Chalais et Libourne, c'est bien.<br /> <br /> <br /> <br /> Au lieu du tracé des cartes Michelin, l'utilisateur de GPS tentera de se remémorer ce que lui disait la voix de l'appareil.
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A
Super agréable à lire...je prends vraiment du plaisir à parcourir ce texte! J'aime bien ce style! Avec quelques photos de trains et des paysages qui passent pour accompagner tes textes, tes articles auraient beaucoup de succès, j'en suis sûr Philippe! <br /> <br /> Gilbert
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