sur le pont

J’ai tourné au coin du pont, mes pas me menaient, je n’en avais pas conscience, et j’étais déjà harassé d’avoir grimpé les quatre étages du parking par des escaliers mécaniques en panne. Si j’avais su qu’un mauvais plaisantin avait mis hors d’usage tous les escaliers montants, je serais passé ailleurs. Ai-je bien fait, ai-je mal fait ? Je n’en ai pas idée.

J’ai tourné au coin du pont et j’ai éprouvé une sensation bizarre. La chaussée aurait été vagues. Le trottoir grumeleux aurait été sable. Il suffit de peu à l’esprit du rêveur pour se laisser aller à des évasions lointaines. Celle-ci était maritime, manifestement. Le bus qui venait à moi n’était-il pas un navire en partance ?

J’ai tourné au coin d’un pont qui n’existe que depuis peu. Un an ? Plus ? Je ne saurais dire exactement. Le temps passe et laisse des marques floues. Autrefois, au même endroit, se dressait une passerelle faite d’un sale béton gris qui s’effritait. C’est la raison pour laquelle on l’a démolie. Et la voilà enfouie dans la profondeur des mémoires.

Le nouveau pont est-il sexué ? La passerelle était-elle féminine ? En voilà une interrogation originale. Il n’empêche que c’est sur ce béton sale qui s’émiettait qu’Inès crut commettre un meurtre. Et c’est sur ce même béton terne que je rencontrai Rachel, une femme de lettres toute de vert écrite, d’une main malhabile et peut-être amoureuse.

Comments

[AmiGilbertAhuy]

Je vais peut-être me répéter, j'ai toujours aimé passer les ponts et les passerelles, je n'ai jamais su pourquoi? Peut-être, le passage d'un monde à l'autre?

Au fait, j'adore l'album des coquelicots, adorables fleurs des champs que nos agriculteurs s'évertuent à faire disparaître...en Espagne, on en voit beaucoup plus, cela égaie par ses couleurs vives les bords des chemins... et, toujours dans cet album, j'adore la photo du tunnel de verdure! Ces photos pourraient égayer tes textes! Gilbert

[Cristophe]

Oui la passerelle est féminine : une passerelle, un passereau...