rituel estival
Certaines actions me font osciller entre plaisir et déplaisir. Il en est ainsi de la tâche domestique que nous avons accomplie dimanche, sacrifiant au rite théoriquement annuel consistant à réserver à l’été les travaux de moyenne envergure. Ce jour-là, il s’agissait d’encaustiquer le parquet du salon et de l’entrée, ainsi que les marches de l’escalier. (Tu es sûre, pour l’escalier ? Tu ne risques pas de te casser la figure, après ? ). Certains lecteurs se demanderont sûrement quel plaisir on peut bien trouver au fait de cirer un parquet, ce qui est encore plus pénible que de nettoyer le congélateur. Eh bien si. J’aime l’odeur de l’encaustique. J’aime redonner de l’éclat à nos vieilles lattes de peuplier. J’aime d’année en année tendre à uniformiser la teinte entre le vieux parquet du salon et celui plus neuf de l’entrée. J’apprécie le fait que la pièce appelée « entrée » soit presque dépourvue de meubles, hormis une armoire inamovible et deux chaises, alors qu’il y a peu elle nous servait encore de bureau ; il convenait alors de débrancher un nombre conséquent d’appareils et de démêler un fouillis inextricable de fils électriques poussiéreux. J’aime voir luire le bois après l’avoir lustré au moyen d’un pull de laine hors d’usage (laisser sécher deux heures, comme indiqué sur la boîte de cire, temps coïncidant efficacement avec la pause-repas ; un régal, de plus, qui m’a vu déboucher une bonne bouteille de sauvignon pour accompagner le tartare de thon). En contrepartie, je déteste déplacer les meubles, je déteste sortir momentanément les plantes vertes dans la cour, je déteste passer l’aspirateur dans les recoins oubliés du ménage. Et surtout, synthèse de mes détestations, je déteste transpirer, mouiller ma chemise et souiller mes lunettes.