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le carnet vert
26 juin 2013

le crabe aux pinces d'or

Sur le mur blanc, toujours la même guirlande d’images aimantant mon regard. Je ne saurais dire leur nombre. Ce sont des reproductions de cartes postales anciennes. En noir clair et blanc foncé, vous voyez, pour donner de la patine. Le mur ne m’appartient pas, alors bien sûr je ne me souviens pas de toutes. Il me semble que mon attention diffère selon les périodes. Je revois une vitre percée, pourquoi pas par une balle, une horloge à travers laquelle on devine une vaste place. Elle me rappelle les horloges du musée d’Orsay, mais ce n’est sans doute pas l’une d’elle. Devant le musée s’écoule la Seine. Il n’y a pas de place. La vitre percée est elle devant l’horloge ? Je ne sais pas. Peut-être s’agit-il de deux images distinctes. Je revois un nageur, sous l’eau d’un bassin, sa silhouette ondulant bizarrement. Celle-ci je sais d’où elle provient. Ma fille l’a achetée lors de la visite d’une exposition consacrée à André Kertész. Il me semble que la manifestation occupait plusieurs étages du Jeu de Paume. Nous avions mal aux pieds, à force d’une telle profusion. Les enfants gémissaient. Il se peut que pour les punir de leur impatience, nous ayons encore marché jusque vers l’Ecole Militaire, où nous avions pris quelques habitudes distendues dans un restaurant indien. Je songe au nan craquant sous ma dent, et à la saveur brûlante des épinards au curry. Camille, mange tes épinards ! La gamine se rebiffait et finissait par pleurer. Du curry fort de chez fort. En voilà un châtiment ! La carte qui emporte tous les suffrages de mon attention, en ce moment, montre un vieil homme et un enfant, assis sur un banc public, sous la frondaison de ce que je crois être un platane. Ensemble ils découvrent un album. L’homme paraît lire à haute voix, tandis, que l’enfant, captivé, délaisse le livre pour dévisager son aïeul d’un œil émerveillé. Ils dévorent « le Crabe aux pinces d’or ». Je regarde cette image, je crois voir les couleurs, mon émotion est à son comble. J’avais le même âge que le garçon sur la photo. Mon grand-père ne hantait pas les squares et ne perdait pas son temps sur les bancs publics, préférant les chanter du fond de la cuisine où il s’affairait du matin au soir, les amoureux qui se pécotent sur les pancs puplics, vocalisait-il en réveillant son accent alsacien. Les bancs et les promenades étaient plutôt le fait de ma grand-mère. C’est elle, je crois, qui m’a offert mon premier Tintin, ce crabe aux pinces d’or, que ma mémoire associe sans faillir aux allées ombragées du cours Saint-Mauris ;  j’ai eu de la chance, j’ai de suite connu le capitaine Haddock et ses jurons inimitables, c’est dans cet épisode qu’il apparaît. Peut-être tiens-je là l’origine de mon goût affirmé pour le whisky !

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Commentaires
S
La plupart des cartes viennent de l'expo au Jeu de Paume, les autres ont été glanées et certaines datent d'il y a quelques années...
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C
Heureusement que c'est le capitaine qui t'a influencé ! Imagine si tu t'étais inspiré de Lagaffe...
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P
Je suppose alors que monsieur aime le BON whisky ;)
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C
J'ai aimé les bandes dessinées de Tintin, que m'en reste t-il à part le sentiment que sur certains points (dont l'amour de Tintin), j'ai beaucoup changé ?
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