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le carnet vert
8 janvier 2013

en grève

Hier c’était lundi. Je me levai pourtant d’un pas confiant, descendant l’escalier sans allumer, comme d’habitude, jetant un œil désabusé mais néanmoins grand ouvert sur le peu de braise restant dans l’âtre. Je me rendis dans la grange en quête d’un peu de bois, étant toutefois sans illusion quant au redémarrage spontané du feu. Mais sait-on jamais. C’est arrivé dans la cuisine que la consternation s’empara de moi. Comme chaque jour, je m’adonnai à un rituel immuable : mettre le chauffage à fond dans la salle d’eau (pour Elle), puis me rendre dans la cuisine, allumer le poste, prendre au passage les serviettes de table, et les poser sur la table. Je n’énumérerai pas la suite de mes gestes anodins. La consternation git au creux de ceux que j’ai déjà cités : j’allume le poste, et je ne l’entends pas causer comme d’habitude. Il déverse une bouillie sonore que d’aucuns appelleront peut-être musique, mais qui a le don de m’énerver d’emblée. Je trifouille le potentiomètre, c’est déjà arrivé que les longueurs d’onde se mélangent les crayons dans ma petite boite jaune, mais macache. France Inter crache bien du néant musical, comme me le confirme à intervalles réguliers la douce voix enregistrée annonçant que ces messieurs et dames sont en grève pour quelque raison louable qui m’a déjà échappé. Je m’exhorte à la patience, m’assurant que souvent dans ces cas-là, la programmation musicale reste de bon aloi. Sauf que ma consternation ne fit qu’empirer. Passe qu’on soit lundi. Passe que je doive me lever tôt, dans le noir de l’hiver après avoir fait taire le réveil d’une main maladroite mais décidée. Passe même qu’ils soient en grève. Mais qu’ils nous assènent plus de trois quarts d’heure de sons lancinants, répétitifs et forcément électroniques, ça augure mal d’une journée sereine. Le soir, c’était plus calme, heureusement. Je n’allumai pas la radio. Ni la télé. Nous dînâmes vite fait d’un tronçon de saucisse et d’une patate à l’eau avant d’aller voir Michel Delpech au cinéma, dans le rôle de Michel Delpech. Pas grandiose, mais pas désagréable non plus. Je me suis même dit que, bien que n’étant pas dans ma jeunesse adepte des chanteurs de variétés, je pouvais néanmoins fredonner quelques scies de l’époque, preuve que je n’avais pas oublié le bonhomme. Ce matin, mardi, rebelote : l’angoisse m’assaille fugitivement au moment d’allumer le poste, parce que vous savez quoi ? Ils sont encore en grève.

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Commentaires
P
Bleck : et encore, chanson est un bien grand mot quand on évoque la daube qu'ils nous ont servie (du moins entre 6h et 7h30)
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V
Moi, je propose que pendant ces grèves ils rediffusent des émissions que les auditeurs ont particulièrement aimé.<br /> <br /> Pourquoi pas?<br /> <br /> Ce serait toujours mieux que de la musique en boucle.<br /> <br /> J'aime toujours autant votre écriture.
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B
Ah merde chez moi aussi ils étaient en grève... pénible hein ! Bon le Delpech au cinéma... que dire, je me suis un peu ennuyé tout de même alors que j'aime bien le bonhomme.<br /> <br /> <br /> <br /> Bleck
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C
Ahhhh, on en est toujours à apprécier le plus fortement les choses ou les gens quand on ne les a plus^^
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P
Reste plus qu'à écouter un cd de musique qui plaît pour se mettre en mode bonne humeur :)
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