point
Un point peut-il être final ? Le point du jour ? Parce que la nuit se termine ? Mais elle reviendra, vous savez bien. Le point de côté ? Aie. Je préfère ne pas en parler, frémissant à l’idée qu’il puisse être final, voire fatal. Et puis d’abord rien ne nous oblige à courir. Je le fais pourtant régulièrement, avec plaisir, et puis ensuite, puisque je suis essoufflé et en sueur, j’en profite pour faire le point de ma boîte à mails, des commentaires dans mon carnet, ce genre de choses, le temps d’être en état de prendre une douche. Je me tairai aussi sur la variété des points de broderie ou de tricot, j’en ignore tout et n’envisage pas de changement en la matière. Non, je veux dire que j’ai apposé le dernier point à mon nouveau roman, juste après le mot « écorce ». On dit que ce point-là est final, parce que c’est l’ultime caractère du texte. Mais il ne s’agit en aucune façon d’en déduire que le travail est terminé, qu’on peut passer à autre chose, bien sûr que non. Apposer un dernier caractère à la fin d’un texte n’est qu’une étape. La preuve, je l’ai déjà relu trois fois. Et remanié. Et corrigé. Et. Ce n’est jamais fini. Même lorsque le manuscrit sera parti chez l’éditeur, j’y trouverai encore à redire. Même si j’ai le bonheur de le voir un jour imprimé, je me dirai encore que tiens, ce passage-là j’aurais pu l’écrire différemment, ce chapitre n’est pas à sa place, ce mot est trop précieux, ou que sais-je encore. Alors vous voyez bien que, dans ces conditions, la situation d’un point tient à un fil (c’est ma grand-mère qui serait contente de lire ça, elle était couturière), que de final un jour, il peut devenir banal.
Octobre 2012