un pont de paris

Nous nous tenions sur un pont. Je ne sais pas lequel. Je pourrais chercher, ouvrir un plan, être sûr, mais quelle importance. Un pont avec une jolie rambarde en métal forgé, vert mais pas vert-de-gris. C’est mon souvenir. Il est récent, il devrait donc être juste. Mais parfois la mémoire nous joue des tours pendables. Y compris l’immédiate.

Je ne sais pas si nous regardions dans le même sens. Je veux le croire. Nos regards convergeant en remontant le fleuve. Tu sais bien que nous remontions le fleuve, n’est-ce pas ? Il ne faisait pas encore beau, un voile recouvrait le soleil, alors l’onde brillait d’un reflet étrange, souviens-toi, c’était sur notre droite. De l’œil, j’ai tenté de sonder la profondeur d’émeraude. Aucune idée. Ça aussi, en cherchant bien, on n’aurait aucun mal à le savoir. C’est profond, aucun doute là-dessus. Peut-être nous tenions-nous sur un pont apprécié des candidats au suicide, tels qu’on en voit dans de nombreux films. Un pont romantique ? La ville en regorge.

Il me semble qu’ensuite tu avais les yeux rouges. Quelle tristesse t’avait donc traversée ? Nous regardions l’eau s’écouler inexorablement avec le calme du fleuve rendu à la plaine, puissante. Il se peut qu’en plus de nos regards, nous y jetions nos soucis. Il se peut que nous ayons eu la nécessité de ce calme invincible, nous qui nous heurtions chaque jour aux sommets ardus que nous opposait la vie.

Comments

[phil]

Il y en a toujours un, oui.

[Praline]

Un autre pont vous attend, sous lequel l'onde est sereine et vos regards apaisés ;)