place du grand sablon

C’était un samedi, en fin d’après-midi. La ville s’alanguissait, la bière miroitait aux terrasses. Au coin de la place du Grand Sablon, nous avions pris place devant un estaminet, où je laissais mes doigts s’imprégner de la fraîcheur du verre. T’aurais-je fait sursauter en les glissant le long de ton cou ? J’y ai bien pensé, mais me suis contenté de t’enlacer. Nous regardâmes passer la vie. Nous écoutâmes le tressautement des roues d’auto sur le pavé gris. Parfois nous observions des couples de touristes se photographier mutuellement devant l’échoppe d’un chocolatier de grand renom. Leurs sourires niais de circonstance nous faisaient rire. Peut-être étaient-ils fiers d’avoir dépensé une fortune pour quelques bouchées. Je me plaisais à l’imaginer, d’autant que les écrins de la vitrine ne portaient pas de prix, comme s’il se fût agi d’or ou de diamants. Au coin de la place du Grand Sablon, je suivis du regard le déhanchement d’un autobus, tandis que les nuages dessinaient des arabesques sur les façades sombres, et c’est ainsi qu’il faisait beau.