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le carnet vert
3 mai 2012

revermont

Protégés à l’abri d’une bulle, celle de l’habitacle automobile, nous nous heurtons sans cesse à la maussaderie des éléments. Il me suffit pourtant de te regarder pour occulter le noir, ne permettant pas à la pluie dégoulinant sur les vitres de me transir virtuellement. La voiture file en chuintant sur l’autoroute, tandis que le lent mouvement de métronome produit pas les essuie-glaces ne parvient heureusement pas à m’hypnotiser.

Le téléphone sonne. Tu décroches. Je ne saisis que des bribes de la conversation, mais je sais qu’à l’instar des nuages noirs roulant sur la Bresse, d’autres tempêtes grondent en tapinois, prêtes à nous happer dans une macabre sarabande. Et puis.

Soudain le ciel s’est lavé. La campagne rit de toutes ses vives couleurs. Tu affrontes encore les secousses des nouvelles navrantes, l’appareil collé à ton oreille, alors tu ne remarques peut-être pas ce panneau brun au bord de la chaussée, avec un pictogramme en forme de flèche tourné vers notre droite : il indique le coteau qui s’érige dans le lointain, le Revermont. Tu ne te rends peut-être pas compte de ça non plus, mais vois-tu, un long frisson me parcourt de haut en bas, je me laisse envahir, je pars en vadrouille dans les replis du passé, nous nous asseyons en bordure d’une falaise dominant la plaine, au loin la côte chalonnaise bleuit dans le couchant, tu t’appuies contre moi, nous sommes bien, quelque part on brule des sarments, tout à l’heure nous aurons envie de savagnin. Ne crains rien, je ne quitte pas des yeux le fil de la chaussée, mais tu sais quoi ? Le plaisir se glisse en moi. Parce que nous voici au pays de nos débuts.

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Commentaires
P
Fabienne : et le Revermont la mérite !
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F
quelle est belle, cette dernière phrase!
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le carnet vert
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