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le carnet vert
3 novembre 2011

la marche de radetzki

Tandis que les ombres finissent de s’allonger sous le flamboiement des feuillages, je contemple la buée qui ternit mon verre de Leffe encore intact. Par moments je te regarde me regarder. Tu es intriguée ? Tu veux savoir ? Je devine ce que tu penses. Je devine ce que tu vas dire. Tu vas me demander à quoi je pense, voilà ce que tu penses.

Je ne pense à rien. J’observe. Je fais le plein. Par le jeu des glaces, dans la vitrine, je regarde deux filles attablées en terrasse, qui discutent avec animation tout en allumant cigarette sur cigarette. Tu ne peux pas voir, mais je te dis qu’il pourrait y avoir là une belle image, du moins serait-il alors préférable que ce soient nos filles au lieu de deux inconnues.

À quoi je pense… Je réponds nonchalamment à la question que tu ne me poses pas. Nous sommes assis à la table de Joseph Roth. Au mur, face à moi, une petite photo encadrée, et pour légende il est dit que l’écrivain a occupé cette table à la fin des années trente. Je dis ça d’un ton assuré, nous sommes assis à la table de Joseph Roth, et c’est toi qui es assise à sa place, j’imagine en effet que s’il écrivait là, ce n’était pas le dos tourné à la porte. Tout ça est de l’esbroufe. Le nom de l’écrivain me dit vaguement quelque chose, mais pas plus que ça. Quant à son image, elle m’est parfaitement inconnue. Une phrase est écrite comme en épitaphe, quelques vers. Est-ce censé résumer sa vie et son œuvre ? Je ne me souviens déjà plus de ces mots. Plus tard, j’apprends via l’encyclopédie en ligne qu’il était autrichien et qu’il s’est réfugié en France dès l’avènement du nazisme. À la réflexion, je me demande s’il n’était pas écrit sur le menu du café Tournon, car tel est le nom de cet établissement qui n’est pas encore un de nos cafés habituels mais pourrait le devenir, que Joseph Roth s’était réfugié ici-même, à cette table. Je lis encore que son principal roman est intitulé La marche de Radetzki, et oui, voilà qui me parle un peu, assez vaguement, enfin je suis sûr que j’ai déjà vu ce titre, peut-être même feuilleté le livre, à l’époque où j’étais encore plus jeune que maintenant, où je n’avais pas peur de fouiller dans les rayons de littérature un peu ancienne, tandis qu’aujourd’hui je me contente souvent de ce qui est mis en valeur par le libraire. Et non je ne confonds pas. Je sais aussi qu’à l’origine, ce titre est celui d’une composition de Johann Strauss.

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Commentaires
C
J'ai le film dans ma liste des enregistrés à voir...
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P
Comme au bon vieux temps !
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S
:-)
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P
Euh... je crois... deux cara...mels.<br /> <br /> Bonne nuit Phil ! <br /> :)
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S
Ah tu ne portes que ton solitaire de ... combien de carats déjà ?<br /> <br /> Euh, Phil, ça va ? :-)
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