retrouvaille
Le train s’arrêtera en douceur le long du quai. C’est souvent comme ça. En douceur. Cette impression là. Les véhicules modernes font moins de bruit que les anciens. Et peut-être que les conducteurs modernes sont moins brusques avec les commandes, allez savoir. J’aimerais bien savoir, d’ailleurs, moi qui aimais tant les trains lorsque j’étais enfant. Bref. Le TER du soir s’arrête généralement en douceur le long du quai de ma gare rurale. Et ce soir il le fera encore, il n’y a pas de raison.
Ça m’étonnerait que je sois le premier à me présenter devant la porte ; ce ne sera donc pas à moi d’appuyer sur le petit rond vert qui déclenche l’ouverture. Inutile d’appuyer avant que ce soit vert, c’est inopérant, n’en déplaise aux gens pressés. Je ne me présenterai pas le premier devant la porte parce que je ne fais pas partie de ces gens qui se lèvent cinq minutes avant l’arrivée en gare. D’autant que sur un trajet d’un quart d’heure, ce serait idiot.
Je descendrai sur le quai poussiéreux et je serai assailli par la chaleur, même si la fin d’été n’est pas caniculaire. Le quai est en plein soleil, il y fait chaud, croyez moi. Je m’insérerai dans la petite file des voyageurs afin de m’engager sur la passerelle enjambant les voies. J’atteindrai le quai d’en face. Le cœur léger, ou le cœur battant. Mais oui, puisque tu seras là. Tu m’attendras au volant de la voiture, ou plutôt appuyée à la voiture. Et je serai heureux de cette situation qui ne se produit pas souvent, toi qui m’attends à la gare, et moi revenant de ma journée de labeur. Je t’embrasserai. Et c’est dans ces moments là qu’on a pleine conscience de former un couple, dans les retrouvailles, aussi banales soient-elles.