sirocco
Nous n’avons pas photographié la nuit crétoise. Pas plus que le crépuscule.
La fausse animation de la rue de Stalida ne méritait pas qu’on gaspille des pixels par milliers. Pour rire, nous aurions pu. Nous nous serions plantés au bord d’une de ces plages qu’on a décrétées privées, avec location de chaise longue obligatoire. La nuit ça ne compte pas et tous les chats sont gris. Nous aurions flashé au jugé sur les flots. D’ailleurs chaque soir, alors que nous sommes attablés à la terrasse de l’hôtel, dégustant sagement de la nourriture dite internationale, nous rions de voir crépiter les flashes au bord de l’eau, de l’autre côté de la baie.
Nous pourrions jouer ainsi aux touristes.
La nuit crétoise était chaude. Particulièrement celle de mercredi à jeudi. Je ruisselais, allongé sur le matelas, c’était insoutenable. D’accord, la climatisation ne fonctionnait pas, mais nous avions pris la précaution de laisser la fenêtre ouverte, et ce soir là, un fort vent soulevait les épais rideaux sans relâche. N’y tenant plus je suis sorti sur la terrasse. Jamais je n’ai été impressionné de cette façon.
La gifle brûlante de ce vent.
J’ai pensé au sirocco. Après tout nous n’étions qu’à moins de quatre cent kilomètres de la côte libyenne.