les gens en noir

Ce jour fut un jour faste. Les découvertes, heureuses, s’enchaînaient à merveille.

Au moment d’entrer dans Tzermiado, nous suivions un car.  Et voilà que le véhicule devait manœuvrer interminablement afin de négocier les angles de la rue étroite.

Devant les portes des maisons, des gens en noir se tenaient assis en nous observant. Je veux dire, ils observaient le passage, pas nous en particulier.

Beaucoup de crétois portent du noir. C’est la couleur du deuil, ici comme ailleurs. Un deuil personnel, souvent, mais également deuil national, en lien avec l’occupation turque.

Les gens en noir se tenaient à l’ombre. Le soleil rendait éblouissante la blancheur des façades. Certaines maisons abritaient des boutiques de tissus, et alors elles paraissaient entièrement recouvertes de linges et de broderies battant légèrement dans la brise. Dans une de ces boutiques, j’ai acheté une chemise blanche à manches courtes.

Plus loin nous avons trouvé des cartes postales et un livre consacré à la flore crétoise (en français). Le magasin était désert. Nous aurions pu partir sans payer, sous l’œil désapprobateur des gens en noir attablés au kafénéion d’en face. Mais cela ne se fait pas, n’est-ce pas.

Nous avons déniché les tenanciers dans la taverne voisine. Un jeune homme est venu encaisser nos achats. Il était en partie originaire d’Orléans. Il se montra heureux de parler en français avec nous. Nous apprîmes ainsi que nous avions de la chance avec la météo. Peu de temps auparavant, le temps était exécrable, ils n’avaient jamais vu autant de pluie à cette saison. Cela expliquait sans doute que nous ayons déniché des orchidées sauvages dans le chemin montant à la grotte de Zeus.