le kiosque
Je rêvais, je crois. Oui, je rêvais.
Nous étions nous.
Dans la brume d’une fin d’été je voyais se dresser un minaret.
Et aussi des blocs immenses de verre et d’acier, de la poussière de ciment, la modernité.
Nous avons traversé une rue. Ou bien était-ce un fleuve ou un océan ou un désert ?
Nous avons passé un porche. Il me semblait démesuré.
À la mesure de notre amour ?
Sur la pierre étaient inscrits les siècles et les siècles.
Tu portais une veste rouge.
Nous nous sommes engagés dans une allée couverte de gravillons.
Me donnais-tu le bras ?
De notre pas jumeau, nous montions en colimaçon parmi les arbres vénérables de toutes essences.
Sur leurs troncs aussi étaient gravés les siècles. Et les noms latins. Et ceux des savants éternels.
Nous sommes montés ainsi jusqu’à une sorte de kiosque. Nous nous tenions côte à côte. Comme statufiés. Et nous regardions l’horizon. À nos pieds s’étendait une ville.
Nous percevions les cris et les rires, la joie des marchés (des souks ?), les senteurs opiacées.
Les oranges.
Rouge, le cuir.
Celui des années.
La pluie nous ruisselait. Tandis que sous le kiosque.
Plus loin, dans le sable d’une arène antique, on jouait aux boules.