l'avant-veille
La pluie battante se fracassait sur la structure de verre qui quelque part habillait la modernité architecturale du musée. Nous entendions ça. La pluie qui s’abattait.
Nous rêvions.
Nous revenions sur les volutes gravées que nous venions d’admirer.
Nous cherchions un oiseleur.
Nous avons gravi une volée de marches.
Pour nous rapprocher de la pluie fracassante ?
Nous avions vu l’arbre. Alors.
Celui de Paul Rebeyrolle.
Nous avions commencé par là. C’était sans doute la dernière salle à visiter. Nous avons le chic pour commencer par la fin. Ou pour finir par le début.
En haut : quelques œuvres encore. Grinçantes. Et des photos.
Un canapé nous tend les bras. Marron. En skaï.
Le canapé n’a pas de bras. On ne fait jamais ça, dans les musées, mettre des canapés avec bras à la disposition du public.
Je souris à cette idée.
Je regarde Elle et je souris.
Et n’empêche : le canapé.
On verra plus tard.
Je m’avance vers le fond de l’étage, là où cela se termine en mezzanine au-dessus de la première salle qui est peut-être la dernière. La salle de l’arbre.
Cette salle comme un immense tableau. Pas rien que l’arbre, non. Toute la salle. Avec ses murs blancs.
Au milieu, tu sais, il y a des banquettes. Une femme : assise sur une banquette. Qui regarde vers l’homme accoudé en haut. En haut du blanc. A ce qui semble être une mezzanine. Et qui sourit. L’homme. Et qui est moi. J’ai soudain l’impression d’entrer dans le tableau. D’en faire partie. Je souris, dans le tableau.
Je ne me souviens plus si Elle et moi, ensemble, accoudés en haut du blanc.
Je me souviens qu’ensuite, le canapé. Nous nous reposions avant de reprendre la route. Nos doigts emmêlés serrés. L’avant-veille du jour. Dimanche, donc.
Et l’émotion.
Je me souviens aussi de la femme, en bas, sur la banquette, qui regardait vers moi tandis que j’étais accoudé. Son air un peu revêche. Peut-être que finalement elle n’aimait pas trop l’art contemporain.