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le carnet vert
14 septembre 2010

la péniche

Accoudé au parapet, il regarde pensivement la péniche amarrée en contrebas. Ou bien est-ce que son regard se perd dans les reflets bleu et or ? On a l’habitude de dire que ce fleuve est sale. Peut-être. N’empêche qu’on y rencontre des pêcheurs. De plus en plus. Et n’empêche qu’il y a des reflets bleu et or. Parce qu’il fait beau.

Un bref éclair blanc dans le champ visuel. Une mouette fuse au ras de l’eau.

Accoudé au parapet, il semble contempler la péniche.

La péniche le fait rêver. C’est un de ces bateaux qui a été depuis longtemps converti en habitation. Il n’a jamais pensé à mémoriser quoi que ce soit à ce sujet, mais il est quasiment certain que cette péniche est amarrée-là depuis des lustres. Immobile. Une maison flottante. Lui-même a rêvé de ça lorsqu’il était jeune.

Il éprouve un soupçon d’envie à la vue du salon de jardin disposé sur le pont de la péniche, vaguement protégé des regards indiscrets par un rideau de buissons en pots. Il s’y installerait bien. Il aimerait se reposer.

Il ignore si on parle de pont lorsqu’on évoque le dessus d’une péniche. Il ignore si ce terme s’applique à toutes les sortes de bateaux.

Autrefois il aurait adoré vivre sur une telle maison flottante.

Bercé par les lents mouvements du fleuve.

Enivré par les senteurs aquatiques.

Charmé par les reflets bleu et or irisant l’onde qu’on dit sale, parfois tranchée de l’éclair blanc d’une mouette fusant au ras des flots.

C’est un souvenir de jeunesse.

Aujourd’hui il a la sensation d’être en bateau. C’est pourquoi la péniche. Mais.

Il se sent plutôt à l’avant d’un rafiot chahuté par la houle. Il se sent sans protection. Encaissant vague après vague en pleine poitrine. Chahuté mais toujours debout, il ne sait comment.

Il se sent tout petit. Seul. Affrontant de son mieux la houle des sentiments.

P1030494

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Commentaires
C
la houle des sentiments.<br /> j'ai grandi près d'une rivière où nous observions les péniches dans l'étau de l'écluse, un pays gris comme une nouvelle de Simenon.
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P
L'E : petit, mais debout. Il suffit qu'on lui/me donne la force...<br /> :-)<br /> <br /> Fabienne : oui, tout ici est image. Autrement dit, on en prend plein la figure et on résiste.
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F
"Affrontant de son mieux la houle des sentiments"<br /> <br /> Belle image qui déclenche l'émotion.
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L
Face à la mer, face aux éléments, pas moyen de faire autrement que de se sentir tout petit. S'en rendre compte, c'est être grand.
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