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le carnet vert
26 mai 2010

les clous

Il faudrait que je te raconte l’histoire des clous, tiens. Parce qu’elle est amusante. Et parce qu’il n’y a pas de mal à rire de soi de temps en temps.

Parce que les clous, tu vas voir.

C’était l’été dernier. Oui, je crois que c’est ça : l’été dernier. Un jour qu’il ne fait pas trop chaud et que je monte avec l’arrosoir pour hydrater les bacs à fleurs qui sont de chaque côté de la grille et qui font comme des cariatides, tu vois, qu’est ce que je remarque ? Par terre. Partout dans la pente.

Ah oui. Il faut que je te dise. Chez nous, c’est une ancienne ferme. Avec une cour de ferme. Et des petites dépendances autour. Et même un four à pain. Et comme ici le terrain est pentu, on est en contrebas de la route. Pour sortir il faut grimper sec. Et pour entrer, il faut maîtriser les freins de la bagnole, tu vois, sinon tu files tout droit dans le mur du salon, et je n’ai pas tellement envie que tu saccages ma maison, en fait. D’ailleurs, il faudra que je me méfie, avec la moto, quand j’en serai là.

Bon revenons à nos moutons. A nos clous, plutôt.

Donc. Moi qui suis un peu miro en temps ordinaire, je ne sais pas ce qui m’a pris, mais là, tout d’un coup, j’ai remarqué les clous. Des dizaines de clous rouillés de toutes tailles disséminés dans la pente. J’ai d’abord été incrédule. Puis, tu me connais, je ne suis pourtant pas sanguin, mais la moutarde m’est un peu montée au nez, sur le coup. Vrai. J’ai pensé tout bêtement à un acte de malveillance. Ça arrive ces choses là. Ou à un bête jeu de gamins. Ça arrive aussi. On a bien déjà retrouvé des tas de saloperies pas à nous dans nos poubelles, et même des peaux de bêtes sanguinolentes sur le tas de compost. Sympa, non ? Surtout qu’en été il n’y a presque pas de mouches, il ne faut pas croire. Quant aux voisins, ils ont déjà retrouvé leur voiture avec les quatre pneus crevés. Juste derrière chez eux. Alors tu vois bien que tout est possible.

Ceci dit il n’y avait pas grand-chose à faire, sinon ramasser soigneusement les clous et les balancer à la poubelle. Je me suis même mis à genoux pour ça, tu vois, pour être sûr de ne pas en louper.

Et puis du temps a passé et j’ai oublié les clous.

Et puis l’hiver est venu. Tu sais, un hiver qui n’en finit pas. Pas tellement froid, mais juste assez pour qu’on n’y soit jamais bien. Et il a neigé. Ici c’est déjà le sud. Ce n’est pas un pays de neige. Alors à chaque fois on est désemparé. Il a neigé peut-être bien quatre fois. Pas beaucoup à la fois, pas de quoi battre les records. Mais assez pour encombrer la petite pente qui monte de chez nous à la route. Oui je dis qui monte. Parce qu’en cas de neige rien n’empêche d’aller dans l’autre sens. Pour ce qui est de descendre, tu peux toujours. Dans un sens il vaut mieux que ce soit ainsi. C’est préférable d’être coincé chez soi plutôt qu’à l’extérieur. Sauf que le matin du jour où il a neigé, tu te dis que tu vas aller bosser quand même, parce qu’il n’y a pas de raison. Alors tu recules dans la cour, tu te positionnes bien face à la pente, et tu y vas franco en priant pour que ça passe, et qu’il n’y ait pas un pingouin quelconque sur la route, comme par hasard à ce moment là. Ça ne passe pas. Tu patines méchamment aux trois quarts de la pente, là où des pierres un peu plus grosses dépassent un peu des autres. Là tu sais déjà, que c’est fichu. Tu peux essayer autant de fois que tu veux, tu sais que tu ne t’en sortiras pas si facilement. Alors il te vient une idée de génie. Tu vas récupérer de la cendre de la cheminée dans le récipient où tu l’as entreposée. Tu en prends pas mal, hein, disons la valeur d’un bac à ciments, avec la petite pelle qui te sert à rempoter les plantes vertes. Et puis tu balances ça généreusement dans la pente, sur le passage des roues de la voiture. Ça fait deux jolies lignes sombres sur le sol immaculé, très design. Tu es content de ton œuvre. D’ailleurs tu y jettes un œil d’un peu plus près, pour le plaisir. Et là, que vois-tu ? Des clous. Des dizaines de clous. Et tu te rappelles alors qu’au début de l’hiver tu as brûlé tout un tas de vieilles voliges pleines de pointes rouillées et tu te dis que bon dieu mais c’est bien sûr, et que finalement personne ne te veut vraiment de mal.

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Commentaires
S
et oui....<br /> <br /> et oui...
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P
:-) trop drôle l'histoire ! Et puis surtout, comme d'habitude, si bien racontée...<br /> Pfff... le nombre d'anecdotes comme celle-ci qui ne trouvent jamais de réponse !
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P
Syl : t'es encore dans la cave ???? Et tu y trouves des clous ?
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S
Le coup de l'urne de la mémé, c'est pas mal ça... le gone aurait sûrement glissé les dents en or dans sa poche !<br /> <br /> Signé Sylatchoum du fond de sa cave (enfin, sa cave... c'est vite dit )<br /> On en est au 2eme rat momifié
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P
Nath : Oui, et ça refroidit, aussi.<br /> <br /> Annick : si, je nettoie ma cheminée de temps en temps. Et je mets la cendre dans une grande poubelle hors d'usage, au cas où.<br /> <br /> Aline; les voliges, c'estles planches qui sont clouées sur la charpente de la maison et qui supportent la couverture.<br /> <br /> Teb : c'était le but, de rire.<br /> <br /> Laurence : crèvera, crevera pas ? C'est sûr...<br /> <br /> Syl : pour le deuxième passage, j'ai embauché un gone. C'est d'ailleurs lui qui a repéré les clous. Pasque moi, je suis aussi miro que l'année d'avant. Mdl.<br /> <br /> Poupoune : si ça se trouve, y a encore plus de risque de crevaison (si je puis dire) avec ces objets là.<br /> <br /> Fabienne : Merci. Quand cette histoire m'est revenue à l'esprit, j'ai eu à coeur de la raconter !
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