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le carnet vert
3 mars 2010

suavité

Je regardais d’un œil éteint par la vitre du TER.

Morne.

J’étais morne.

Le train était morne.

Dehors c’était morne aussi. À cause de la flotte, bien sûr. Tu me diras, il vaut mieux qu’il flotte le jeudi plutôt que le dimanche, vu que le jeudi on bosse et que ça ne sert à rien qu’il fasse beau. Oui, et bien quand même. Je préfère quand de belles idées de photos fulgurent dans le soleil levant, à travers les vitres sales du wagon.

Quant à moi j’étais morne. Tout simplement parce que c’était jeudi et que j’allais bosser, et que j’avais bien autre chose à faire. Incroyable ce qu’on peut perdre comme temps à travailler, dans une vie.

Le train a ralenti avant d’entrer dans le tunnel. C’est le moment qu’a jugé opportun le TGV pour nous croiser à grand fracas. Bien que morne, j’ai sursauté.

Avec un tel départ de journée, je me demandais bien ce que je trouverais à raconter, ça n’arrangeait en rien ma mornitude (Ségolène, ma chère présidente de région, si tu me lis…) (si quelqu’un connaît un substantif issu de morne, je suis preneur).

Et puis la voix de la contrôleuse est dégringolée des haut-parleurs pour dire qu’on arrivait dans les secondes à venir, que la SNCF nous remerciait et nous souhaitait une agréable journée, de même que la région et sa sémillante présidente, veillez à ne rien oublier à votre place et pour les correspondances, veuillez consulter les panneaux lumineux à l’entrée du souterrain. Et là je me suis dit que ça ne démarrait pas si mal. Parce qu’une voix comme ça… De la suavité à l’état pur. Je ne sais pas si la compagnie des chemins de fer tient compte de ce critère pour embaucher contrôleurs et contrôleuses, je veux dire la qualité de la voix. En tous cas, celle-ci était très réussie. Et du coup ça ne me gênait plus tellement d’aller m’enfermer une journée durant dans mon bureau, à faire autre chose qu’écrire et écrire encore. La voix de la contrôleuse m’avait mis du soleil en tête. J’en étais tout étourdi.

Le train s’est glissé lentement le long du quai. Il s’est arrêté dans un grincement final. La porte s’est ouverte dans un chuintement. Je suis descendu. Il pleuvait encore, mais j’ai renoncé à déployer mon pébroque.

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Commentaires
G
J'ai un doute là... On dit "est dégringolée" ? :O<br /> Etre dégringolé ? Avoir dégringolé ? <br /> J'ai toujours dit le second, mais je suis archinulle en grammaire.<br /> Donc, doute.<br /> <br /> Et c'est quoi "gone" ? ça vient d'où ?<br /> <br /> Que de questions ! <br /> <br /> Enfin, ton texte me rappelle fort mes propres voyages en train (TGV) biquotidiens d'une époque, et ça me rappelle aussi que je n'ai pas écrit beaucoup dessus... <br /> Pourtant, j'ai rarement été morne dans mon train ! Attends voir, peut-être que c'était parce que je me rendais jusqu'à une "classe" où, avec des professeurs assez accessoires, on dessinait et créait toute la journée, sans entrave, libres et heureux comme on peut l'être à 17 ans ?<br /> <br /> Mmh, peut-être.<br /> <br /> En tout cas je serai terrifiée d'être un jour morne dans un train, because les souvenirs. J'observais beaucoup les gens mornes qui me tenaient lieu de voisins, à l'époque... Je les dessinais, j'imaginais leur vie, leurs goûts, ce à quoi ils pouvaient bien penser...<br /> <br /> Quand aux voix qui réveillent (parce que j'étais plus souvent endormie que mornée, en fait), à chaque fois où presque j'avais droit à celle du vieux contrôleur qui crâche dans le micro avec fort chuintements (en plus des grésillements "naturels"). Ou, plus rarement, j'ai quand même entendu quelque fois la voix féminine type "téléphone rose", c'est assez drôle.<br /> <br /> Et là je me rends compte que franchement je m'étale trop dans mes commentaires, des fois, en plus pour raconter ma vie, mon Dieu mon Dieu...<br /> <br /> Enfin, tout ça pour dire que, quand même, ton article, il est bien.<br /> <br /> :D
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P
Poupoune : tu crois qu'ils ont des machines femelles quand le contrôleur est une contrôleuse et des machines mâles sinon ?
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P
ma, c'est oune machine, Phil !! <br /> tu devais être dans un état de mornerie effectivement très avancé...<br /> (naaan, j'déconne! ;o)
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P
Valérie : oui je suis sensible à certaines voix, et je trouve ça beau.<br /> <br /> Fip ne parvient pas jusqu'à Poitiers, mon cher Bleck ! Et ce que je dis ne marche pas à tous les coups. Au contraire, il devait y avoir ce jour là un petit peu d'exceptionnel pour que ça m'incite à rédiger une note.<br /> <br /> Pakita, tu as les bons mots pour rebondir sur ce que j'ai écrit :-)<br /> <br /> Syl : tu causes comme les gones (cher grave génial) ???<br /> <br /> Paola : écouteur, voyeur, senteur. Sensitif. On ne peut rien écrire sinon. Si ?<br /> <br /> Aline : je ne voyage pas loin, alors les voix des hôtesses...
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P
Les voix de la SNCF n'égalent pas celles des hôtesses d'Air France, mais c'est vrai que j'ai déjà entendu de jolies voix dans nos trains. Vrai aussi qu'une voix suave nous réjouit, nous parvient à l'oreille comme un doux chant. J'aime également.
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