quatrième
Je suis dingue.
Je suis dingue et je suis un danger.
Je dois m’asseoir au bord de la rivière pour réfléchir à tout ça. C’est apaisant, une rivière. Un peu comme de la musique.
Le courant de la rivière, c’est un peu comme les doigts du pianiste sur le clavier : ça m’apaise.
Suis-je vraiment dingue ?
Je ne sais pas. Certainement, puisque je végétais dans un hôpital psychiatrique. Je n’en pouvais plus de végéter. Je n’en pouvais plus d’être un légume parmi les légumes. Je n’en pouvais plus des gélules multicolores et des cochonneries qu’on m’injectait. J’ai dû m’enfuir.
Je n’ai pas su faire autrement.
Heureusement qu’il y a le jazz.
Suis-je vraiment un danger ?
Je ne sais pas. Je n’en ai jamais eu l’impression. Pourtant ça a été fatal à Jean-Yves de croiser ma route inopinément. Il est mort.
Heureusement qu’il y a le jazz. Les doigts de mon père sur le clavier.
Heureusement qu’il y a Manu, ma fille.
Heureusement qu’il y a Livia.
Livia est mon amie. Elle aussi est dingue. Pourtant elle n’est jamais allée dans un hôpital.
Elle m’aide à m’enfuir. Nous allons nous cacher en Italie. C’est ça que je raconte : notre cavale en Italie.
Si vous voyez les mots ci-dessus au dos d'un livre, aurez-vous envie de le lire ?
PHIL