en traversant la bourgogne
J’ignore pourquoi me reviennent ainsi, obsédantes, les images d’anciens trajets. Des trajets laborieux que je faisais en 4L. Une 4L chamois sur laquelle tu avais collé des décalcomanies, comme sur les Pigeot, des trèfles à quatre feuilles et des canards ressemblant à ceux qu’on voit dans les baignoires. Des canards qui ne ressemblent en rien à des canards. Des canards souriants. Je roulais dans la nuit, tu étais restée à Paris, je fusais vers une semaine de labeur, ailleurs, je traversais la Bourgogne. Fuser est un bien grand mot quand on voyage en 4L. Vous croyez ça ? Essayer donc, pour voir, et de freiner sur une route mouillée. Pour la montée d’adrénaline, il n’y a rien de tel. Quand je pense à la Bourgogne, je peux imaginer d’autres lieux, des vignes, les hospices de Beaune, les mines de Monceau, les poulets de Bresse et que sais-je encore. Mais la première idée qui me vient, c’est cette route, la nuit, sous la pluie, avec le canal, et les villes secondaires qu’on traverse de loin en loin, dans leur blafard éclairage public.
Pourquoi écris-je ça ? Qui vais-je intéresser en écrivant ça ? Je n’en sais rien. C’est une idée qui vient, et qui repart, et qui revient, alors il faut que ça sorte, et tant pis s’il n’y a pas vraiment d’histoire. D’ailleurs j’en ai écrit une, histoire. Sur la même idée. Rythmée par un morceau de jazz. All blues. Le grand Miles. L’histoire s’appelle all blues. Comme le morceau. Peut-être la publierai-je ici. Ou pas. A vrai dire, elle existe déjà, quelque part dans les profondeurs du carnet, mais je l’ai prolongée, modifiée. Améliorée, j’espère.
Nous avons vu et écouté l’exposition sur Miles Davis, toi et moi. A la cité de la musique. Je suis content que tu aies aimé.