le jour du yoga
Hier c’était mardi. Le mardi ce n’est ni ravioli, ni spaghetti. C’est yoga.
Le mardi, Elle va au yoga.
Elle rentre tard. Vingt et une heures trente. C’est tard pour manger.
Je l’attends quand même. Pour manger.
Je mets le couvert dans la cuisine. Je mets des trucs au four. Je fais une salade. J’allume le four un quart d’heure ou vingt minutes avant l’heure supposée de son retour.
Le mardi nous mangeons peu. Elle n’a pas faim. Le yoga semble lui couper l’appétit.
Le mardi je l’attends pour manger.
En attendant, j’allume l’ordinateur. Je navigue sur le web. Je lis des blogues. Pas spécialement les blogues où il y a des blagues. Les blogues où il y a à lire.
En attendant, j’allume aussi la télé. Parfois.
Hier c’était mardi et je voulais voir la météo. Au cas où mercredi, aujourd’hui donc, je serais tenté de me munir de mon appareil photo. Au cas où je serais tenté de me promener au cours de ma pause méridienne. Je n’ai pas été tenté. Pourtant la météo est clémente. Je n’ai pas la tête à ça. Je veux dite aux photos.
Hier c’était mardi, et en attendant Elle, comme j’avais allumé la télé et regardé la météo, je suis resté assis devant. La télé. J’ai consulté le programme et j’ai vu qu’il n’y avait rien. J’ai regardé machinalement l’émission ennuyeuse qui suivait la météo. L’émission était réellement ennuyeuse. À mon goût, bien sûr. Je me suis dit, c’est idiot de regarder une émission ennuyeuse, même si en même temps je remplis une grille de mots croisés. Alors je me suis levé, dans l’intention de fermer le poste. Au lieu de quoi je me suis emparé de la zappette, histoire de voir ce que proposaient les autres chaînes en matière de rien. C’est alors que je me suis rendu compte que la 3 avait programmé « famille d’accueil » à la place d’un match de foot. À la bonne heure. J’ai regardé « famille d’accueil ». J’aime assez regarder ce genre de fictions, ça me détend. Je ne le fais pas tous les jours, dieu merci. Mais quand je le fais, j’y prends plaisir. On m’objectera certainement que c’est nigaud, plein de bons sentiments, et tout ça. Et alors ? C’est une maladie honteuse, les bons sentiments ? Il est préférable d’en avoir des mauvais, sentiments ? De toute façon je suis bon public.
Il y a une chose qui m’étonne à chaque fois que je regarde la « famille d’accueil », c’est que l’histoire se situe à Bordeaux et dans ses environs proches. Que ça se passe à Bordeaux n’est pas étonnant en soi. Il faut bien que ça se passe quelque part. Ce qui m’étonne, c’est que personne n’y ait l’accent bordelais. Je sais bien que tous les bordelais n’ont pas forcément l’accent bordelais. Mais que dans un film qui se passe à Bordeaux, absolument personne ne parle avec l’accent bordelais (autrement dit de façon crédible), ça m’étonne. C’est incongru. Enfin, quand je dis que ça m’étonne, ça m’agace, en fait.