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le carnet vert
10 janvier 2010

épiphanie

Les vagues affluaient et refluaient

Inlassablement

Roulant dans leur vacarme

Algues et galets.

Il se plaisait à imaginer une plage déserte. Un vaste espace de solitude. Un désert plein de vacarme.

Il se plaisait à imaginer ce bruit, comme un halètement, formidable, plus fort que le halètement de cent mille motrices de TGV. Et un peu plus poétique, évidemment.

Il se plaisait à imaginer qu’il aurait marché au bord de l’eau. Seul. Que les galets violemment auraient heurté ses chevilles, roulés inlassablement dans le flux et le reflux.

Seul.

Il pleurait de joie à l’idée qu’il allait rentrer chez lui et qu’elles seraient là, qu’elles lui parleraient, qu’elles raconteraient les petits riens d’une journée ordinaire, qu’elles l’entoureraient, qu’elles partageraient avec lui la galette de rois (et des reines), parce que c’était le jour idoine.

Elles l’entoureraient. Il garderait pour lui ses idées de vacarme et de violence. Ses galets luisants projetés dans les chevilles. Sa plage déserte comme un cocon ouvert. Morte. Vivante. Haletante.

Elles auraient beau être là, près de lui, à semer des miettes de frangipane plein le carrelage de la cuisine, intimement il serait seul.

Seul.

On est seul avec ses rêves.

On est entouré, mais après ?

Il rêvait qu’il marcherait sur l’eau.

Non, il n’avait rien d’un christ. C’est une figure. Dans son rêve il pense qu’on croit qu’il marche sur l’eau.

En fait il faut s’imaginer une photographie. Il serait dans la photo. Il ne sait pas encore si l’image serait en couleur ou en noir et blanc. Ça n’a pas tellement d’importance. Il suivrait une petite étoile, le nez collé dans le firmament.

Seul.

Dans le rêve il serait seul. Il suivrait l’éclat presque imperceptible d’une étoile et il irait ainsi, marchant sur l’eau, c’est ce qu’on croit, parce que c’est ce que montre la photo.

En réalité il y aurait un subterfuge.

Ça existe, les reines mages ?

Ça a existé ?

Le subterfuge serait qu’il y aurait de gros galets, juste sous la surface de l’eau, qu’on ne verrait pas sur la photo, de gros galets sur lesquels il poserait les pieds, alors un spectateur peu averti pourrait imaginer qu’il marche sur l’eau.

Et les rois ?

Pour de vrai ?

Seul.

Il restait seul avec son rêve incongru dont il ne savait que faire.

Que faire de ce rêve là ?

L’ignorer ?

Le jeter ?

Le peindre ?

Le jeter en pâture au clavier ?

Ainsi pourraient naître des musiques maritimes.

Avec des vagues

Fluant et refluant

Et du vacarme de galets roulés.

P1050797

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Commentaires
P
Servanne : bienvenue ici, et merci.<br /> <br /> GoddbyeC: je suis "scotché" par ton commentaire. Tu dis des choses fortes. Et tu les dis bien.<br /> :-)<br /> <br /> Fabienne : ton commentaire me touche, notamment en ce sens qu'il ressemble à une note de lecture dans un journal ou une revue, quelque chose de pro, quoi.
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F
Joli boulot! tu places le lecteur entre rêve et réalité, un endroit pas si facile à situer. On hésite, on suit le narrateur dans les méandres de ses pensées, on aperçoit son rêve étrange, on tourne les yeux sur sa réalité On entend le roulement des vagues et l'on a dans le même temps les miettes de la galette sur la langue. On est perdu, mais on aime ça!!!
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G
Pourquoi ? C'est une très bonne question. Sais tu pourquoi certains mots te touchent, à un moment, jusqu'à te transporter dans une dimension parallèle ? Moi j'ai peine à le cerner, en fait.<br /> <br /> Tes quatres premières phrases décrivent la répétition, le renouveau incessant et tapageur, les vagues 'données' et aussitôt reprises. Mais ces mots sont surtout témoins d'une nature qui, profondément, m'émeut.<br /> Un flux et un reflux qui amènent à une méditation profonde, des souvenirs qui passent furtivement devant mes yeux et que je pardonne de m'avoir tant fait souffrir en restant fixés à mon quotidien. C'est la version calme du traumatisme qui cicatrise, c'est la solitude dans tout ce qu'elle apporte de constructif.<br /> <br /> La mer qui se tord et qui roule ses galets me fait presque l'effet d'un orage : une nature qui s'impose et qui reste constante, une nature qui se met en colère/bouge un peu à notre place. Qui nous autorise donc un petit moment d'immobilisme, de repos, pas seulement physique.<br /> <br /> En fait, quand tout va mal, il ne reste que la nature qui ne trahit jamais nos émotions.<br /> Il y a aussi, comme phénomène notable, l'absence de bruit que fait la neige en tombant. Un mélange de sérénité extrême et d'interrogation (qui comporte son fond d'angoisse)...<br /> Enfin, ce n'est pas le sujet ici ^^<br /> <br /> Donc, tes quatre premières lignes m'émeuvent jusqu'au boulversement, par tout ce qu'elles appellent, c'est tout :)<br /> <br /> J'ai lu quelquefois le texte en entier... J'y ai vu un certain processus un peu familier... Image contre paysage. Pensées contre nature. Contre au sens d'"appuyé contre", ou la nature comme étayage à nos têtes parfois bancales...<br /> <br /> Bonne soirée :)
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S
quel plaisir de vous lire, comme ces vagues que font les pensées de l'homme solitaire, sol y terre aussi ...
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P
Laurence : la statue intérieure, cette expression m'intrigue et me parle.<br /> <br /> Caro : des rêves taillés trop grands ? Des rêves étranges, surtout.<br /> <br /> Lily : tu as compris ce que je souhaitais exprimer.<br /> <br /> Naline : je suppose que le rêveur est solitaire par essence.<br /> <br /> GoodbyeC : bouleversée ? Pourquoi ?<br /> <br /> Coumarine : c'est un compliment qui me va droit au coeur.
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